Dans une petite chambre de Berlin, une jeune femme vit ses années de jeunesse. Et qui dit jeunesse, dit bien souvent découverte de son corps, de sa sexualité. Dans une pièce écrite et interprétée par Sylvianne Rivest-Beauséjour et donnée à la Petite Licorne, le public suit donc pas à pas le maelström émotif et charnel de ce périple berlinois.
Ich, Je en allemand, est donc cette jeune femme qui part à la découverte de la vie. Libre entre ses deux oreilles, mais aussi libre de son corps, elle n’a certainement pas peur de s’exprimer sur ses sentiments, et surtout sur ses envies, charnelles ou autres. Ode au désir – non pas le désir latent, romantique, tranquille, mais plutôt le désir animal, vif, dans l’immédiateté -, Chaloupe évoque une barque tranquille qui peut rapidement être secouée par des flots impétueux.
Dans sa quête – quête de quoi, au juste? D’identité? De liberté? D’existence? -, Ich télescopera à peut près tout ceux qu’elle rencontrera. Des proches, des amis, des amants… Tout explose, se fragilise, tout est sacrifié sur l’autel d’un désir imprécis, mais dévastateur.
Pour exprimer le désir de son personnage, toutefois, la comédienne Sylvianne Rivest-Beauséjour joue sur le malaise du public. Comment expliquer, sinon, cette longue scène où la jeune femme se déshabille, puis prend sa douche sur scène? Ou encore cet autre moment où elle donne l’impression qu’elle se masturbe? Si l’on voulait choquer, la chose est certainement réussie. Pas que la nudité comme telle soit mauvaise; après tout, il y a longtemps que le théâtre a franchi cette barrière. Simplement, on se questionne sur l’utilité du geste. Veut-on faire progresser une intrigue? Ou désire-t-on simplement démontrer que l’actrice est aussi libérée que son personnage? La question demeure sans réponse.
Idem pour les longues tirades en allemand, qui ont probablement leur utilité scénaristique, mais qui tombent dans l’oreille d’un sourd – ou de plusieurs sourds, en fait.
Cette Chaloupe, résolument destinée à un public averti, évacue les sentiments à l’eau de rose traditionnellement associés à une quête d’identité personnelle, pour plutôt les remplacer par une réflexion sur ce désir quasi-animal de sexualité souvent sans lendemain. Comme si le sens de l’existence se trouvait entre les cuisses. Peut-être est-ce le cas, qui sait? Ce qui apparaît comme évident, toutefois, c’est que Sylvianne Rivest-Beauséjour semble d’abord jouer pour elle, plutôt que pour son public. Il en résulte une oeuvre incomplète, à la limite brouillonne, qui laisse en partie les spectateurs sur leur faim.
Chaloupe, écrit et interprété par Sylvianne Rivest-Beauséjour, mis en scène par Steve Gagnon. À La Licorne jusqu’au 9 février.
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