La blague est facile; après tout, la symphonie Pathétique de Tchaïkovski était après tout au programme de ce concert de l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) donné mercredi et jeudi en sa salle traditionnelle de la Maison symphonique.
Avant de s’adonner aux plaisirs musicaux de la Russie, le périple du public a débuté un peu plus à l’ouest, plus précisément en Allemagne, patrie d’origine de Carl Maria von Weber, compositeur de l’opéra Der Fresichütz, dont on a joué l’ouverture, mais aussi de Beethoven, de qui l’OSM joua le Concerto pour piano no 3, en compagnie du pianiste Paul Lewis.
S’il est arrivé à quelques reprises que les responsables de la programmation proposent des oeuvres qui ne cadraient pas les unes avec les autres, cette fois, toutes ces notes, ces envolées, ces plongées vertigineuses… toutes les mélodies s’accordaient parfaitement pour produire une soirée mémorable.
Comme amuse-gueule, cette Ouverture de l’opéra de Von Weber, petit morceau reproduisant, à échelle réduite, la structure scénaristique de l’oeuvre entière du compositeur allemand. Atmosphère étrange, allures de conte de fées, les hautbois et les violons contribuant à alimenter le mystère; il n’en fallait pas plus pour que les spectateurs aient l’impression que quelque chose caché derrière les arbres d’une épaisse forêt guettait notre valeureux héros.
Calme et fureur
En deuxième partie, voici notre concerto de Beethoven. Mais faut-il vraiment parler d’une pièce de musique? N’y a-t-il pas d’autres mots pour décrire cette agréable et légère balade dans les champs, tandis que Paul Lewis semble ne devoir fournir aucun effort pour faire virevolter ses doigts sur les touches du piano à queue? Ce piano n’en est plus un; c’est devenu une houle, une série de vagues où les notes parviennent à nos oreilles en vagues successives.
Un magnifique moment de douceur et de beauté, rien de moins.
Pour terminer cette fort agréable soirée, quoi de mieux qu’une surdose d’émotions à la russe?
Débarque donc Tchaïkovski et sa symphonie. Du bruit! De la fureur! Des émotions à fleur de peau! Des cuivres hyperactifs! Pouvait-on demander mieux que l’un des représentants de l’hyperbole russe, toutes disciplines artistiques confondues, pour clore le concert?
Ah, il fallait les voir, ces musiciens, alors qu’ils insufflaient une vie hypertrophiée à leurs instruments. Après une ouverture relativement animée et la lente beauté de Beethoven, pas étonnant que l’orchestre – et le public – s’amusent follement à mettre pédale au plancher et foncer dans un monde fantastique où il n’existe aucune demi-mesure.
Sous la direction du chef invité Juanjo Mena, l’OSM a canalisé toute son énergie dans un excellent concert qui a franchement réussi à faire oublier l’hiver. Voilà exactement ce dont le public avait besoin.
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