Les Catalans débattent à savoir si leur président réélu et en exil, Carles Puigdemont, peut gouverner en dehors de la Catalogne. Un dilemme saugrenu, du moins inusité, rapporte La Vanguardia le 9 janvier.
A la suite de l’investiture télématique, le débat des autorités catalanes tourne autour du règlement de la chambre des représentants. Le président Carles Puigdemont peut-il, en toute légalité, gouverner la Catalogne à plus 1300 km, la distance qui sépare Bruxelles de Barcelone? Autrement dit, sans intervenir en chair et en os tel que l’on a toujours fait au parlement catalan.
Les experts débattent sur cette possibilité étant donné que le règlement ne le spécifie pas de façon explicite. Les détracteurs défendent la nécessité d’une présence dans un système parlementaire, tandis que ceux qui sont favorables à l’éloignement rappellent les circonstances extraordinaires d’épisodes politiques afin de réclamer une flexibilité pour préserver les droits fondamentaux du candidat. Ces derniers mettent de l’avant la multitude de possibilités que permettent les nouvelles technologies.
«Le candidat doit présenter, sans limites de temps, le programme du gouvernement et doit solliciter la confiance de la séance plénière», stipule l’article 146 du règlement. Cependant, cet énoncé ne spécifie pas si l’aspirant doit être dans la salle et n’interdit pas explicitement qu’il puisse présenter son programme à travers d’autres voies de communication, par écrit ou de façon formelle par un écran.
«Le candidat peut prendre la parole tant qu’il le demande», stipule le second point de l’article 146. De plus, le temps de parole doit être attribué de façon à ce que le président puisse bien comprendre ce qui est dit dans la chambre des représentants. Encore ici, il n’est pas spécifié si le président doit être présent en chair et en os ou non. Par contre, l’utilisation de l’écrit ou de l’écran via les nouvelles technologies rend la logistique plus compliquée.
La loi sur la présidence n’est pas plus claire que le règlement 146 sur la question.
Décalage ibérique
Ironiquement, c’est le président de l’Espagne lui-même, Mariano Rajoy qui a provoqué «l’indépendance» de la Catalogne en retirant à cette région son statut d’autonomie en 2010 par le Tribunal constitutionnel. Auparavant, un compromis régnait sur la péninsule de sorte que les Catalans renonçaient à former une République fédérale et acceptaient le régime monarchique, ainsi que «l’unité indissoluble de la nation espagnole», rappelle le directeur de la revue catalane Quadern de les idées, les arts i les lettres, Sébastien Bauer dans le Monde diplomatique de novembre 2017.
Le défi catalan, qui se présente comme mouvement de sécession, tire son énergie motrice du fossé creusé entre les Espagnols et leurs institutions, d’un rejet de la corruption en Espagne comme en Catalogne, sans oublier une hostilité envers les vestiges de l’absolutisme de la monarchie et des grands propriétaires terriens, explique-t-il. La rupture de ce pacte par excès de zèle ou machiavélisme éveille un événement politique mis sur la glace.
Le 14 avril 1931, les républicains espagnols remportèrent les élections municipales dans la plupart des grandes villes, proclamant plusieurs républiques, dont la République catalane.
Le fascisme a régné en Espagne de 1939 à 1975.
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