Climatosceptiques, antivaccins et conspirationnistes: impossible d’éviter des gens qui rejettent la science. La méthode ÉBRIR pourrait vous sauver d’une conversation frustrante. Première astuce: gardez les faits pour la fin.
Changer l’opinion d’une personne peut sembler mission impossible quand elle ne bronche pas devant les données factuelles. Pour y arriver, le docteur en histoire des sciences Gleb Tsipursky propose dans un récent billet de blogue une méthode en 5 étapes, formant l’acronyme ÉBRIR (EGRIP en anglais): Émotions, Buts, Rapport, Informer et Renforcement positif. Les trois premières étapes se veulent un moyen de créer un lien avec la personne, pour comprendre ses motivations et découvrir des objectifs communs qu’il serait possible d’atteindre avec la discussion. C’est seulement une fois ces étapes franchies, quand l’interlocuteur est plus réceptif, qu’on doit présenter nos données et nos arguments.
En effet, selon Tsipursky, le rejet de la science passe plus par les émotions que par la logique. Plutôt que d’attaquer les points de vue de la personne qui diffèrent des nôtres, il faut essayer de découvrir ses motivations. Le blogueur a partagé un exemple tiré d’une conversation avec Sam, le cousin d’une amie proche : « Dans le cas de Sam, il était relativement facile, grâce à l’écoute active, de déchiffrer les émotions impliquées : une anxiété à propos de la sécurité d’emploi, aggravée par l’expérience de son père. J’ai confirmé mes soupçons en questionnant Sam […] sur son inquiétude de l’impact qu’auraient les protections gouvernementales sur sa capacité à trouver un travail, et il a répondu par “bien sûr que ça m’inquiète.” »
Une fois les enjeux établis, Tsipursky conseille d’établir des buts communs: la sécurité d’emploi et la santé des amis et de la famille, dans le cas de Sam et lui. La discussion devient alors une « entraide » pour atteindre ces objectifs. Il faut montrer à l’interlocuteur que nous avons assimilé ses émotions, afin de créer un rapport. C’est seulement à ce moment que l’interlocuteur est apte à recevoir l’information nouvelle, sans que ses émotions ne prennent le dessus. « La clé ici est de faire comprendre à l’interlocuteur […] que son déni de la vérité amoindrit sur le long terme les objectifs communs établis plus tôt », explique le blogueur. Les progrès doivent être encouragés par du renforcement positif, par exemple lorsque la personne accepte les résultats d’une étude. À la fin de la conversation, Sam acceptait la validité de la science sur les changements climatiques.
Une leçon à retenir lors de votre prochaine conversation avec une personne qui rejette la science?
En complément:
https://www.pieuvre.ca/2017/12/12/est-ce-un-vrai-fossile-ou-un-faux-dinosaure/