Ah, 2017! Année fantastique, année terrible, année que l’on souhaite voir rapidement dans le rétroviseur. Les gens de Cabaret politique et bouffonneries l’ont bien compris, et ont concocté Salut 2017!, une revue de fin d’année qui cumule les bons coups… et quelques moments moins réussis.
Sous la gouverne de Philippe Lemieux, responsable des textes, ce doigt d’honneur dressé bien haut adressé à l’année qui se termine tente, en environ deux heures, de combiner la majorité des faits saillants des 12 derniers mois.
Tâche ardue, certainement. Ce qui est encore plus dur, c’est qu’il faut s’inspirer de ces événements pour faire rire – jaune ou pas, c’est selon. Denis Coderre; Valérie Plante; Justin Trudeau; Mélanie Joly; Éric Salvail; Gilbert Rozon; les massacres, bombes et tueries en tous genres; et même Netflix trouvent leur place dans ce spectacle haut en couleurs et riche en chansons et galipettes. Sans compter, bien sûr, l’inévitable Donald Trump!
En complément:
Tirer sur tout ce qui bouge
Philippe Lemieux le racontait dans son entrevue accordée à Pieuvre.ca: les textes sont souvent révisés jusqu’à la dernière minute. Impossible, alors, de ne pas se souhaiter bonjour/hi en début de spectacle!
Mais le thème central du spectacle est sans contredit la vague de dénonciations d’agressions et d’inconduites sexuelles qui a libéré (en partie, du moins) la parole des femmes et qui continue de faire tomber des politiciens, des vedettes, des gens des médias… Lemieux fait parfois fortement pression pour s’assurer que les spectateurs comprennent son message, mais il est clair que le jeune homme a les idées bien ancrées à gauche de l’échiquier politique et social.
Cela ne l’empêche toutefois pas de lancer bon nombre de piques contre cette gauche bien-pensante, justement. De Valérie Plante coincée dans le métro et qui semble déjà donner dans le culte de l’image, à un fantastique numéro chanté triple mettant en vedette Jean-François Lisée, Manon Massé et Gabriel Nadeau-Dubois (habillé d’une couche, coiffé d’un bonnet et engoncé dans un landau aux couleurs de Québec solidaire, s’il vous plaît!), tous en prennent pour leur rhume. « Je ne veux pas gagner, je veux avoir raison », chante Lemieux sous les traits de « bébé » GND. Et on rigole. Même si on a parfois l’impression que c’est vrai.
Bien entendu, nos gouvernants et les figures de la droite ont aussi droit aux diatribes des comédiens, même si l’on donne alors un peu moins dans la subtilité. Philippe Couillard à la botte des Saoudiens, ou encore Éric Duhaime « j’ai une opinion sur tout, mais un impact sur rien », on sent une certaine hargne.
L’un des moments les plus réussis est toutefois l’apparition d’un Donald Trump plus grand que nature, alors que trois comédiens se partagent un costume yuuuuge. Un petit bijou scénique.
Quelques ratés
Si Salut 2017! est en très grande partie amusant et réussi, une poignée de gags ratent la cible. D’abord, ce numéro sur Omar Khadr dans ses habits de bagnard, paradoxalement accompagné de deux comédiens grimés en danseuses à gogo de Las Vegas, n’a franchement pas semblé trouver son public. Peut-être parce qu’il n’y a pas grand chose de drôle à ce qu’un enfant-soldat torturé et illégalement emprisonné pendant des années goûte enfin à la liberté?
On trouvera aussi que la parodie de La Voix avec Kim Jong-un et un Donald Trump sans son costume gigantesque tombe à plat. Les missiles pour remplacer le membre viril des deux mégalomanes serait peut-être plus rigolos si ce n’était malheureusement pas déjà le cas…
Autrement, Salut 2017! est un divertissement fort agréable qui mérite amplement d’être savouré, seul ou entre amis. À voir, à Montréal ou en région…
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