À sa sortie, Star Wars: Empire at War avait été salué par la critique, mais pas nécessairement encensé. Nous étions en 2006, et le regretté éditeur LucasArts tentait un mélange assez peu vu pour un jeu de stratégie: combiner combats dans l’espace et affrontement au sol. Le tout assaisonné à la sauce Star Wars, bien sûr. Onze ans plus tard, le titre est toujours là, plus populaire que jamais, grâce à l’enthousiasme un peu fou des amateurs de la saga.
Empire at War n’était certainement pas la première incursion de LucasArts dans le domaine des jeux de stratégie. Il y avait eu Force Commander, un titre inspiré par la série Age of Empires, mais aussi l’étrange et incomplet Rebellion, qui jeta les bases d’un jeu de gestion « totale » dans l’univers de George Lucas, avec contrôle de la production, des missions diplomatiques et militaires, et simulation tactique lors des combats spatiaux. Pas étonnant, alors que le développeur Petroglyph tente le coup quelques années plus tard, fort du succès d’un univers où venait de prendre fin la prélogie des Épisodes I, II et III.
En complément:
Rétroctopode – Star Wars: Rebellion, le mouton noir de LucasArts
Guerre totale
Le principe d’Empire at War est simple: aux commandes des forces de la Rébellion ou de l’Empire galactique, le joueur doit conquérir un certain nombre de planètes. Pour ce faire, il devra gérer ses usines, ses chantiers spatiaux, ses baraquements… bref, tout ce à quoi les joueurs sont habitués dans un jeu de stratégie campé dans un univers de science-fiction.
Mais bon… c’est Star Wars, pardi! Ce sont les personnages, les sons, les voix, les unités de la saga de science-fiction la plus populaire de tous les temps. Cela devrait pourtant être suffisant pour assurer le succès du titre, non? D’autant plus que les combats spatiaux étaient fort bien présentés, contrairement au seul autre jeu de LucasArts offrant la possibilité de commander une flotte galactique…
Hélas, Empire at War était bien… mais peut-être pas suffisamment bien pour retenir l’attention au-delà de la sortie d’une expansion, Forces of Corruption, qui introduisit une troisième faction et gomma certaines aspérités du jeu original.
Il n’y eu aucune autre suite à Empire at War; aujourd’hui, la licence Star Wars est entre les mains de Disney, et à voir la catastrophe ambulante qu’est Star Wars Battlefront II, chez EA, nul doute que les produits de niche que sont les jeux de stratégie ne se trouvent certainement pas en tête de liste des priorités des propriétaires des droits de la saga.
Fort heureusement, les passionnés ont pris le relais, et puisque l’accès aux modifications du jeu a été permis par les développeurs et l’éditeur d’alors, nous nous retrouvons, 11 ans plus tard, avec suffisamment de contenu supplémentaire pour (presque) toute une vie. Campagnes additionnelles, nouvelles unités, personnages ajoutés, galaxie étendue… tout l’univers Star Wars y passe, de la prélogie et l’Ancienne République aux oeuvres les plus obscures de l’ancien univers étendu de la saga.
Mieux encore, les plus grands mods sont disponibles sur la page prévue à cet effet dans la section de la plateforme Steam consacrée à Empire at War.
En avoir pour son argent
Si les titres à recommander sont nombreux, Awakening of the Rebellion vaut particulièrement le détour. En développement depuis plusieurs années – on en est à la version 2.6, et la 2.7 fait l’objet de tests depuis quelques mois -, cette modification en profondeur introduit un très grand nombre de nouvelles unités, en remplace d’autres, agrandit la galaxie, complexifie les calculs stratégiques… Tout cela, Awakening of the Rebellion le fait très bien.
Ce qui est encore mieux – ou pire, c’est selon -, c’est que l’intelligence artificielle a été fortement rehaussée. Pour l’emporter, ne serait-ce qu’en mode escarmouche, le joueur devra faire preuve d’une très grande habileté, y compris en effectuant de la microgestion de ses unités, par exemple, ou encore en agissant pratiquement comme un devin pour tenter de prédire les mouvements de ses adversaires.
Cette transformation radicale du fonctionnement de l’intelligence artificielle du jeu a cependant son défaut. S’il est ainsi possible d’installer cette modification sans passer par le Workshop de Steam, et en se rendant plutôt sur le site ModDB.com, plusieurs tentatives effectuées par ce journaliste n’ont mené qu’à un ordinateur cliniquement mort, incapable de la moindre réaction dans le jeu.
Une fois la modification installée via Steam (simplement en « s’abonnant » à cette modification sur la page du Workshop d’Empire at War), ce fut plutôt l’inverse qui se produisit: l’ordinateur a semblé l’emporter presque à tous coups, y compris en mode escarmouche. Un peu dur pour l’orgueil!
Ceci mis à part, Awakening of the Rebellion n’est pas parfait, y compris en mode escarmouche, où le jeu a carrément tendance à planter.
Autrement, les problèmes de la modification sont en fait un peu les problèmes du jeu lui-même: on peut y changer quelques aspects, mais l’engin graphique accuse son âge. Impossible, aussi, de corriger certains défauts inhérents à la structure du titre.
Au final, toutefois, Empire at War possède une profondeur stratégique qui surprend, surtout lorsqu’on y adjoint des modifications. Tout amateur de stratégie (et de Star Wars, bien entendu) aurait certainement intérêt à profiter d’une vente sur Steam ou ailleurs et à ajouter le titre à sa bibliothèque. Pour une dizaine de dollars, qui ne voudrait pas écraser la galaxie dans la poigne de fer de Darth Vader?