L’amour au temps de Tinder, l’amour au temps du divorce, l’amour au temps des sentiments sincères… l’amour adopte toujours plus de formes en ce 21e siècle technologique, époque de transformations sociales. Voilà donc Mythomania, pièce performative présentée à La Chapelle sur le thème des émotions avec un grand A.
Le programme n’a pas peur des mots; on y évoque tour à tour Éros, l’univers du conte, les rencontres en ligne, la science, diverses formes narratives… Ce que l’on obtient, en fait, est un mélange peu ragoûtant de saynètes où la comédienne Livia Sassoli, muse du metteur en scène et auteur Nicolas Berzi, décline une série de réflexions plus ou moins poussées sur la rencontre, puis la naissance des sentiments, et enfin l’amour, le vrai.
Mais est-ce bien là la fin des émotions, la fin du cycle? Car pour parler de cycle, il faut habituellement revenir au point d’origine. Et qui dit origine, en amour, dit coeur brisé, mort des sentiments, disparition progressive de l’attachement à l’autre.
Tout cela, Sassoli essaie tant bien que mal de nous l’expliquer, et de s’approprier cet univers émotionnel que l’on arpente habituellement avec bien des appréhensions. Hélas, Mythomania est surtout une répétition ennuyante des mêmes thèmes, des mêmes phrases. La vie est un éternel recommencement, certes – du moins, c’est ce que l’on dit -, mais il n’était franchement pas nécessaire de nous donner envie de regarder notre montre à répétition.
Inutile, également, de nous marteler cette théorie surannée de l’âme soeur, ou encore des théories sur la physique photonique.
Et si les choses semblent s’améliorer péniblement après environ 60 des 90 minutes que dure le spectacle, alors que l’interprète projette une image d’elle-même de moins en moins cohérente, résultat d’une relation amoureuse vouée à l’échec qui se délite peu à peu, on retombe un instant dans l’absurde en citant, sans doute hors contexte, l’ex-scientifique de la NASA Randall Munroe. M. Munroe, qui est devenu bédéiste et entretien avec passion le site XKCD, où il publie des blagues teintées de science et de culture geek, a certes publié un livre intitulé What If, qu’invoque la comédienne, mais ce recueil porte davantage sur des problèmes de physique absurde, comme les effets du lancer d’une balle de baseball à la vitesse de la lumière, plutôt que sur les relations amoureuses.
On ressort donc de Mythomania déçus et franchement ennuyés, en se disant que l’amour et les sentiments en général sont déjà suffisamment complexes, et qu’il n’est certainement pas nécessaire de compliquer davantage les choses en venant y ajouter des couches de confusion supplémentaires.
À La Chapelle jusqu’au 25 novembre.
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