Taylor Sheridan est un scénariste hors pair qui crée des ambiances et des atmosphères angoissantes aussi humaines qu’insoutenables, ce, comme personne. En s’entichant cette fois du rôle de réalisateur également, il se perd dans ses propres méandres et offre une première déception, de quoi attraper Wind River chez soi pour l’apprécier sans trop s’envahir de ses nombreuses failles.
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Sicario a marqué les esprits alors que Hell or High Water a chaviré tous ses publics. L’Amérique entre les mains de Sheridan mange toute une claque et il ne rebrousse certainement pas chemin avec sa nouvelle proposition, Wind River. En s’intéressant au sort des autochtones, il construit un récit fort et chargé émotionnellement qui s’avérera bien poignant pour plus d’un.
On enquête quand même sur le meurtre sordide d’une jeune femme, en tentant de retracer peu à peu tout ce qui cloche dans cette histoire qui n’est décidément pas aussi simple qu’elle en donne l’impression.
Fort d’une technique réglée au quart de tour, la mise en scène n’est pas tant un problème; le film a d’ailleurs remporté le prix de la mise en scène dans la section Un Certain Regard du festival de Cannes.
C’est plutôt le rythme qui pose problème, le montage demandant à être certainement plus serré, la durée du film ayant l’air bien plus importante qu’elle ne l’est en réalité. C’est que l’histoire n’est pas écrite avec la même aisance que par le passé (peut-être parce que d’avoir trop de boulot empêche de garder l’accent sur ce qui compte) et qu’on remarque bien plus facilement les faiblesses et les fils blancs alors qu’on nous déboule les révélations toujours d’une traite sans nous donner le temps de se creuser un peu les méninges.
Il y a aussi que la distribution est loin d’être sa plus intéressante. Après les nombreux Emily Blunt, Benicio Del Toro, Josh Brolin, Jeff Bridges, Ben Foster et autres Chris Pine, difficile de trouver plus mal distribué que les piètres Jeremy Renner et Elizabeth Olsen qui non seulement ne cadrent pas trop dans les rôles qu’on leur a attribués, mais qui ne comprennent pas vraiment non plus ce qu’ils doivent jouer. L’exemple le plus flagrant étant à quel point Olsen a tout sauf l’air d’une agente crédible du FBI.
Wind River est donc un casse-tête qu’on apprécie un temps; il y a quand même les mélodies de Nick Cave et de Warren Ellis, même si elles aussi s’avèrent moins bonnes que d’habitude, mais qui manque certainement de jus et d’huile pour laisser la mécanique se tenir jusqu’à sa toute fin.
Par ailleurs, on trouve des segments making of et des scènes supprimées sur l’édition Blu-Ray, mais rien sur le DVD.
6/10
En rappel, ma critique lors de sa sortie en salles.
Wind River, ou Meurtre à Wind River en version française, est disponible en DVD et en combo Blu-Ray/DVD via VVS Films depuis le 14 novembre dernier.
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