Il y a presque 10 ans, un courtier de Wall Street nommé Bernie Madoff se faisait pincer à la tête de la plus ambitieuse chaîne de Ponzi jamais vue, et le réalisateur Barry Levinson nous replonge au cœur de cette sombre affaire de fraude et de trahison avec The Wizard of Lies.
Qui ne connaît pas l’histoire de Bernard L. Madoff, le réputé courtier de Wall Street et ancien président du NASDAQ qui, en 2008, s’est fait arrêter et a été condamné à 150 ans de prison pour avoir mis sur pied la plus grosse chaîne de Ponzi de l’Histoire, escroquant au passage quelque soixante-cinq milliards de dollars sur une période d’une quinzaine d’années? Près d’une décennie après les faits, on pourrait penser que tout a été dit sur l’homme et son crime, pourtant, Barry Levinson jette un regard inédit sur cette célèbre affaire avec The Wizard of Lies, un téléfilm qui donne un visage humain au pire scandale financier de tous les temps.
S’appuyant sur le livre du même nom écrit par la journaliste du New York Times Diana Henriques (qui a interviewé Madoff lui-même à deux reprises en prison), The Wizard of Lies relate évidemment les grandes lignes de la fraude que l’on a découverte à travers les médias, mais étonnamment, le téléfilm se concentre en grande partie sur le drame personnel qu’a vécu son épouse, Ruth, et ses deux fils, Mark et Andrew, qui, bien qu’ils ignoraient tout des magouilles de Bernie et n’y aient jamais participé, ont tout de même été vilipendés par la presse et condamnés par l’opinion publique pour avoir profité de cet argent sale.
Je n’irai pas aussi loin que certains critiques enthousiastes qui ont qualifié sa performance de « meilleure en carrière », mais il fait du bien de voir Robert De Niro dans un rôle digne de ce nom après ses errances du côté de Dirty Grandpa, et le seul reproche qu’on puisse faire à son Madoff est d’humaniser un peu trop un homme qu’on voudrait détester. Même si elle dispose de moins de temps d’écran, Michelle Pfeiffer (Ruth Madoff) est absolument émouvante. Lily Rabe (American Horror Story), Kristen Connolly (Cabin in the Woods), Nathan Darrow (House of Cards) et Hank Azaria (The Simpsons) complètent cette distribution impeccable.
The Wizard of Lies est généralement assez verbeux et comporte beaucoup de têtes parlantes. Heureusement, Barry Levinson (à qui l’on doit d’innombrables classiques, dont Good Morning Vietnam, Rain Man ou Wag the Dog pour ne nommer que ceux-là), sait découper la plus anodine des scènes de dialogues en une série de plans rapprochés qui la rendent dynamique. Sa caméra aime s’attarder à l’opulence et aux objets luxueux composant le quotidien du fraudeur, et il insère plusieurs extraits de bulletins de nouvelles ou d’émission de fin de soirées de l’époque à travers le montage, en modifiant la photo de Madoff par celle de De Niro l’interprétant.
L’édition haute définition maintenant disponible contient The Wizard of Lies sur disque Blu-ray, et s’agrémente d’un code pour télécharger une copie numérique. Du côté du matériel supplémentaire, on compte une entrevue très intéressante d’une dizaine de minutes avec la journaliste Diane Henriques, ainsi qu’une brève revuette où les comédiens principaux parlent du personnage qu’ils interprètent et de leur expérience sur le plateau de tournage.
Même s’il humanise parfois un peu trop Bernie Madoff, The Wizard of Lies va au-delà de l’actualité et des grands titres, pour présenter une fable complètement amorale sur un homme qui, en fraudant afin de mettre les siens à l’abri du besoin, a ironiquement complètement détruit sa famille.
7.5/10
The Wizard of Lies
Réalisation : Barry Levinson
Scénario : Sam Levinson, John Burnham Schwartz, Samuel Baum (d’après le livre de Diana Henriques)
Avec : Robert De Niro, Michelle Pfeiffer, Nathan Darrow, Alessando Nivola, Lily Rabe et Hank Azaria
Durée : 133 minutes
Format : Blu-ray (1 disque)
Langue : Anglais, français et espagnol
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