Trois continents, 24 intervenants. Des intervenants qui portent tous le prénom David. C’est à travers ce prisme orthographique pour le moins originale que la cinéaste et documentariste Céline Baril propose, dans 24 Davids, un tour du monde et des enjeux qui préoccupent la société moderne. Une oeuvre iconoclaste qui lançait en grande pompe l’édition 2017 des Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM).
Ces Davids, ils parlent anglais, français, espagnol, sans oublier des langues africaines, bien sûr! Ils viennent de partout, habitent toutes les classes sociales. Ce qui les unit, ce qui les motive, c’est une quête. Une quête de savoir, d’abord, une quête de l’insaisissable raison de vivre, de l’Explication avec un grand E… mais aussi une quête d’un monde meilleur. Plus de justice – sociale ou autre -, plus d’égalité, plus de bonheur, plus de simplicité, plus de « vraies choses ».
Des nombreux témoignages, on retient donc un désir de repenser le monde dans lequel nous vivons. Qu’il s’agisse d’un David colombien qui souhaite la réforme du système d’éducation de son pays pour réduire les inégalités et ainsi détourner les gens de la violence et de l’insurrection, ou encore d’un David ghanéen qui apprend à construire les machines de l’avenir en puisant dans les dépotoirs d’appareils électroniques, tous combattent la grisaille sociale, financière et politique ambiante des temps modernes avec des projets plus ou moins ambitieux.
Pas besoin de changer l’ensemble du monde, de toute façon; il suffit d’abord de changer son quartier, sa ville, sa région. Et ensemble, tous ces Davids – et bien d’autres gens, bien entendu – seront en mesure de transformer notre planète. S’agira-t-il d’une transformation pour le mieux? On peut l’espérer; mais après tout, l’inconnu n’a-t-il pas ce petit quelque chose de grisant? Ce côté terrifiant qui continue de pousser l’humanité à se dépasser et à se réinventer?
Le documentaire de Céline Baril est intéressant, certes, mais la multiplicité des témoignages a quelque chose de brouillon, quelque chose d’inachevé. Si l’on aperçoit peu à peu une ligne conductrice à laquelle tous se rattachent plus ou moins étroitement, les déclarations vont bien souvent un peu dans tous les sens, sans que l’on puisse véritablement aller au fond des choses. Il en ressort une impression d’urgence, un sentiment d’effervescence, certes, mais on aurait certainement apprécié d’en savoir davantage sur une poignée de projets, plutôt que d’être bombardés d’informations sans vraiment avoir une idée de l’endroit où il faudrait donner de la tête.
Le film réussit néanmoins à livrer un puissant message: celui que tout n’est peut-être pas perdu. À condition, bien sûr, de se retrousser les manches. Et pas besoin de s’appeler David pour ce faire!
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