En vue du «bogue de l’an 2000», plusieurs envisageaient de se terrer dans leur sous-sol avec des boîtes de conserve et des bouteilles d’eau pour affronter une menace qui les dépasse. À l’instar des « Survival Condo » aux États-Unis, les Finlandais se consacrent à l’élaboration d’une ville souterraine, d’après le quotidien espagnol El Pais et le quotidien polonais Polityka.
Les flocons n’ont pas attendu le mois de novembre pour couvrir la place du Sénat bordée par la cathédrale luthérienne, le Palais du Conseil d’État et l’université d’Helsinki. Au centre, la statue du «tsar libérateur» Alexandre II érigée en 1894 évoque la large autonomie qu’il a assuré à la Finlande plus qu’à ses propres sujets, ainsi que la loyauté qu’il a reçu en retour. N’empêche que c’est une ambiance de guerre froide qui habite le sous-sol de la capitale.
L’État, la mairie et des investisseurs privés, américains et européens pour la plupart, aménagent une ville souterraine depuis des décennies afin de protéger les résidents d’Helsinki d’une invasion extérieure. Le réseau de routes, de tunnels et de grands centres commerciaux se construit des côtes Est de la mer Baltique jusqu’aux détroits de l’Ouest. Environ 400 locaux d’un volume de 9 millions de mètres cubes devraient être construits d’ici 2020.
Dissimulées dans le paysage urbain, les entrées se confondent avec les couloirs et les escaliers du métro, avec les accès à des stationnements publics ou avec un passage piétonnier qui connecte la Maison de la musique à la maison Finlandia. « Je ne me rends pas compte que je suis au milieu de ce labyrinthe parce qu’il est intégré en lien avec d’autres endroits de la ville », confie une Finlandaise de 24 ans, Jani Taskinen. Ainsi, les habitants d’Helsinki arrivent à s’orienter aisément dans la partie accessible des 400 tunnels au diamètre de la taille d’une voiture, situés entre 20 et 80 mètres de profondeur.
Bien que la majorité des édifices d’Helsinki dispose déjà de leur propre « bunker » sous terre, le plan du projet prévoit la construction de nouveaux refuges. Le Parlement Eduskunta et la télévision publique Yle sont connectés sous la terre à une température constante de sept degrés Celsius. Au tunnel de connexion reliant la gare centrale de la ville à un centre commercial à presqu’un kilomètre de distance, un chemin de fer souterrain a été ajouté afin d’y relier la banlieue. De plus, la connexion à l’aéroport Vantaa à 20 km est assurée sous le tarmac.
Au-dessus de la tête des passants, le rock ondulé, rugueux et impénétrable donne l’impression d’une caverne.
Espace souterrain
Selon la publication de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de la région d’Île-de-France (IAU), Note rapide de septembre 2015, l’espace souterrain des villes de Montréal et d’Helsinki a été creusé au même moment, dans les années 1960.
À la différence de l’embranchement du réseau du métro, de galeries commerciales, des quatre universités, ainsi que des quartiers des affaires et de spectacles de Montréal, les Finlandais ont porté une attention particulière à l’espace souterrain pour des caractéristiques géographiques, pour leur densité urbaine et pour des conditions géologiques favorables. À noter que le ministère de l’Agriculture et des Forêts finlandais travaille sur un système cadastral en 3D depuis 2006.
L’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) qui contrôle et gère les procédures d’enregistrement des substances chimiques dans l’Union européenne se situe à Helsinki étant donné que le sol rocheux de cette ville permet de creuser quatre étages de dépôts et de salles de conférences. Cet abri résisterait à une attaque atomique, rapporte Polityka.
À 200 km au nord-est d’Helsinki, la petite ville d’Eurajoki abrite un vaste site d’enfouissement de déchets nucléaires.
Menace
« Cette époque (1713-1721) est une des plus tragiques de l’histoire de la Finlande et reste connue dans le peuple sous le nom de «grande colère», car l’occupation russe qui ne dura pas moins de huit ans, jeta le pays dans une misère effroyable. Poursuivant à vive allure les restes de l’armée finlandaise en déroute, les vainqueurs mettent le feu aux villes et aux villages. Une partie de la population préfère tout abandonner et s’enfuir en Suède. Les Russes déportent dans leur pays les ouvriers et artisans, tandis que les femmes et les enfants qui n’ont pu gagner la Suède mais qui sont partis se cacher au milieu des forêts y meurent de faim et de froid », décrit le spécialiste des études finno-ougriennes, Bernard Le Calloc’h dans Histoire de la Finlande paru en 2010.
En plus des stigmates de la russification, le projet est presque devenu une obsession pour les Finlandais à mesure que les pays de la région accélèrent leur militarisation. En Suède, par exemple, le service militaire redeviendra obligatoire en 2018. « La situation de tension avec la Russie est préoccupante », a affirmé le ministre des Affaires étrangères danois, Anders Samuelsen au Conseil nordique le 1er novembre, rapporte El Pais.
Seulement 30% de la ville souterraine d’Helsinki est ouverte au public dont plusieurs stationnements et la piscine d’Itäkeskus.
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