La surprise était palpable, dimanche soir à Montréal, alors que la formation progressiste Projet Montréal faisait mentir bon nombre de sondages, pourtant déjà positifs, et raflait non seulement la mairie, mais également suffisamment d’arrondissements et de postes de conseillers municipaux pour disposer d’une très courte majorité à l’hôtel de ville.
La campagne aurait difficilement pu offrir un contraste plus frappant: d’un côté, un maire sortant ayant cumulé 30 ans d’expérience en politique, disposant d’un bilan solide, certes, mais qui était entré en campagne comme s’il n’était pas nécessaire de fédérer la population autour d’un hypothétique projet porteur; de l’autre, une politicienne qui a gravi en quatre ans les échelons de la chefferie de son partie, d’abord, et maintenant de la plus haute marche du pouvoir de la métropole du Québec.
Cette victoire, avec une bonne avance de plus de 27 000 voix, Valérie Plante la doit à son sourire, à ses idées, à son approche centrée sur le citoyen, mais aussi sur le travail effectué depuis une dizaine d’années par les maires d’arrondissement et les conseillers municipaux qui auront, peu à peu, permis de convaincre la population du bien-fondé de la vision de Projet Montréal, une vision d’un Montréal où les piétons et les cyclistes ont aussi droit de cité aux côtés des automobiles, et où le transport en commun est la pierre angulaire de la stratégie de transport municipale.
Ironiquement, le fondateur du parti, Richard Bergeron, celui qui aura permis de porter au pouvoir les maires d’arrondissement Luc Ferrandez dans le Plateau-Mont-Royal et François Croteau dans Rosemont-La-Petite-Patrie, a changé de camp pour rejoindre l’Équipe Coderre et mordre la poussière, dimanche soir, contre un candidat de son ancienne formation politique.
De fait, plusieurs grands noms de l’ancienne administration Coderre, parfois même hérités de l’administration Tremblay, devront se trouver une nouvelle occupation professionnelle. Harout Chitilian, Anie Samson, Réal Ménard… autant de gens qui occupaient ou qui devaient occuper des postes importants, autant de gens qui ont été battus par des candidats de Projet Montréal.
Pour Denis Coderre, c’est la fin de l’aventure politique. Au niveau municipal, du moins. « J’ai fait 11 campagnes électorales… Cela a été différent à chaque fois », a-t-il déclaré dans son discours donné devant des partisans moroses. Se vantant d’avoir « fait le ménage » après les années Tremblay et Applebaum marquées par la corruption et le marasme, M. Coderre n’a pas pu s’empêcher de lancer une dernière pique aux journalistes, lui qui a toujours entretenu une relation tendue avec la presse: « Je suis sûr que des chroniqueurs vont s’amuser à décortiquer tout ça. »
Et pour Valérie Plante, le travail commence. Car Montréal n’est pas le Plateau-Mont-Royal, et il y aura fort à faire pour moduler sa vision de la métropole pour l’adapter aux divers arrondissements, qui sont quasiment tout autant de réalités parfois divergentes. La cheffe de Projet Montréal a bâti sa campagne sur la promesse d’une nouvelle ligne de métro; maintenant, il faudra convaincre Québec et Ottawa de sortir leur chéquier.
Statu quo à Québec
Dans la capitale, quelques centaines de kilomètres au nord-est de la métropole, le maire sortant Régis Labeaume n’aura eu besoin que de 10 minutes, après le début de l’annonce des résultats, dimanche, pour remporter un quatrième mandat. Victoire facile, donc, pour ce vieux routier. Et si Anne Guérette et Démocratie Québec, ses adversaires de longue date, ont été laissés loin derrière, c’est plutôt Jean-François Gosselin et Québec 21 qui sont venus chauffer M. Labeaume sur la droite, réduisant sa victoire à environ 55% des voix, contre 27% pour M. Gosselin.
M. Labeaume a donc les coudées franches pour encore quatre ans, mais la grogne commence à se faire sérieusement entendre dans les quartiers périphériques de la capitale nationale.
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