Jusqu’au 18 novembre, le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui présente Le Wild West Show de Gabriel Dumont. La pièce rassemble un collectif d’auteurs des descendants de chacune des communautés impliquées dans la trame narrative. Qui est mieux placé pour raconter fidèlement l’histoire de Louis Riel et des métis de l’Ouest?
Le projet semblait prometteur, certes, et c’est tout à l’honneur des participants de s’y être impliqués avec autant d’ardeur, mais une bonne volonté ne crée pas automatiquement un bon spectacle.
La prémisse va comme suit : une compagnie est engagée pour raconter l’histoire de Gabriel Dumont et de la bataille des métis de l’Ouest contre John A. Macdonald et son gouvernement. Le fond est bon, le fond est noble, le fond suscite l’intérêt. Qui plus est, il s’agit d’une histoire dont on ne parle pas beaucoup: le sacrifice de Louis Riel, le triste sort des métis et la perte de leur terre, le massacre des peuples amérindiens et leur assimilation. Cela avait du potentiel, dès le début!
C’est avec la forme que cela se gâte. Des saynètes entrecoupées d’intermèdes musicaux, de sketchs anachronismes et de suivis narratifs, qui semblaient sortir les spectateurs de la grande mise en abyme qui abrite l’histoire. Un amoncellement de procédés différents qui lançait un tourbillon d’informations. Le récit faisait son chemin, mais il était difficile de saisir dans quelle direction il s’en allait exactement.
En ce sens, le spectateur semblait avoir de la difficulté à comprendre si certains moments, des erreurs, des oublis de texte, des problèmes d’articulation et de projection, faisaient partie de la mise en scène ou étaient véritablement des accrochages des artistes sur scène. Le fait que ce choix ne soit pas clair démontre un problème dans l’intention. Le public devrait être en mesure de déchiffrer si quelque chose est voulu ou pas. S’il s’agit d’un choix de mise en scène ou pas. En ce sens, l’objectif de la pièce n’est pas assez bien établi.
La durée est également un facteur. Deux heures quarante de sarcasme parodique politisé enterraient le propos de base. Ce qui est dommage, car l’initiative est exceptionnelle, mais ce n’est pas parce qu’on a une bonne idée qu’on a un bon résultat final. Il manquait foncièrement de cohérence dans la narration. Le collectif d’auteurs peut souvent donner ce genre d’impression, car chacun porte une langue, un bagage et un style différent. Cela se voit particulièrement dans l’approche du sujet et la manière de l’aborder, ce qui crée le manque de cohésion.
Par le ton que les créateurs ont employé ne laissait pas la chance aux spectateurs de s’émouvoir ou de comprendre la gravité d’un geste, d’une parole, d’une situation. Peut-être était-ce pour ne pas avoir l’air de traiter trop sérieusement du sujet afin d’avoir un meilleur recul par rapport aux événements? Peut-être était-ce pour montrer à quel point il est ridicule d’ignorer une partie de notre histoire, qui a pourtant une grande place dans la création de notre pays? Peut-être. Mais est-ce la bonne manière de passer ce message?
Pourtant, je trouve l’idée magnifique. Enfin un peu de diversité au théâtre. Enfin, nous osons sortir de nos petits problèmes purement québécois et d’aller voir ailleurs, cet ailleurs qui a toujours été là et que nous faisons semblant d’oublier. J’aurais voulu voir cette pièce plus travaillée, plus raffinée dans la trame narrative et dans les détails de jeu. La satire n’est pas un style facile, et il ne faut pas la traiter comme tel. Malheureusement, le résultat final tombe à plat et c’est tout à fait regrettable.
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