Les comédies irrévérencieuses ont la cote.. ou du moins, c’est ce que Hollywood essaie de se faire croire. Ainsi, après le grand succès surprise que fut le premier Bad Moms, ils ont décidé de remettre ça en s’attaquant à ce qui serait, s’il y en a vraiment une, la période la plus stressante pour toutes mères: Noël. Débauche et absurdités reviennent à vive allure pour une suite aussi sans queue ni tête qu’au premier tournant.
On adore l’idée de départ de donner une occasion aux dames d’aller se désopiler avec une comédie grand public qui salue l’importance de se laisser aller et de ne pas trop s’en faire avec les conventions. Des films du genre adressés au public masculin abondent les écrans depuis des décennies et en ont rarement à offrir au public féminin, ce qui donne enfin un peu de latitude lorsqu’elles ont envie de quelque chose d’autre qu’une romance à l’eau de rose, qu’elle soit larmoyante ou coquettement axée sur l’inévitable quête du prince charmant. Toutefois, si le premier s’y prenait plus ou moins maladroitement pour faire passer son message, il se mélange encore plus dans ses morales et ses valeurs avec ce nouvel opus qui fait bien davantage grincer des dents.
Croit-il vraiment que le seul rôle d’une mère est de propager la joie et le bonheur, d’offrir satisfaction à son propre détriment et de faire passer tous les autres avant elle pour s’assurer la cohésion de sa famille? Pire, croit-il véritablement que Noël soit non seulement la fête, mais aussi le jour le plus important dans le rôle d’une mère où elle donne tout ce qu’elle a, laissant les 364 autres jours de l’année comme période de préparation pour le « grand jour » ?
On finit par ne plus trop comprendre la direction de l’entreprise tellement la caricature l’emporte toujours sur le reste, empêchant carrément le long-métrage de se dérouler dans notre réalité tellement tout ce qui s’y produit y est trop absurde et exagéré pour s’avérer crédible. Oui, on comprend le désir de miroiter notre quotidien en l’exagérant pour accentuer la facette humoristique du tout, mais il y a certainement des limites et celles-ci sont largement dépassés sans même qu’on parle des très nombreux gags de pénis.
Il serait aisé de porter le blâme sur Jon Lucas et Scott Moore, tous deux de retour autant à l’écriture qu’à la réalisation, en admettant qu’il s’agisse probablement d’une version très masculine du féminisme, implantant subtilement la version des femmes que les hommes aimeraient avoir d’eux, mais en leur faisant croire qu’il s’agit a priori d’un film bel et bien pour eux. Pourtant, si la réalisation abonde encore dans les ralentis et les interminables montages sur des chansons pop, essayant d’inclure le film dans l’air du temps, un film réalisé par une femme ne fait pas nécessairement mieux comme Rough Night l’a démontré cet été, alors que des hommes sont parfaitement capables de pondre une réflexion féministe d’une grande intelligence comme les quatre cerveaux masculins derrière le mésestimé Neighbors 2: Sorority Rising l’ont prouvé sans équivoque.
Il n’est toutefois pas surprenant que le réalisme et le scénario soient parmi les problèmes majeurs du film comme c’était surtout ce qui clochait dans le premier volet. On regrette toutefois que dans ses autres faux pas, alors qu’il répète la formule pratiquement à la lettre, même dans ses tentatives d’être plus touchant et rassembleur encore une fois, il trouve à nouveau le moyen de ruiner une étincelante distribution qui mériterait certainement mieux que cela. Si le petit trio du premier film est encore plus ou moins inspiré et qu’on donne plus de tonus à Kristen Bell qui prend davantage de place au sein des plus imposantes Mila Kunis et Kathryn Hahn, elle qui se refait une belle carrière grâce au grand succès de la brillantissime sitcom qu’est The Good Place, il n’arrive décidément pas à faire le poids lorsqu’on le double d’un trio composé cette fois des mères fictives de ces dernières, toutes interprétées par des comédiennes beaucoup plus expérimentées.
En plein mode délirant, on s’amuse à voir Cheryl Hines et Christine Baranski, alors que Susan Sarandon s’avère un peu plus déconnectée. Sauf que c’est la chimie des trois ensembles qui fait de véritables flammèches et donne droit à des moments beaucoup plus intéressants, autant en termes d’humour que de réflexions, surtout face à tout le chialage plus anodin des plus jeunes. Si beaucoup de comédiens ne reviennent pas, certains cameos fonctionnent mieux que d’autres et Wanda Sykes fait toujours un bien fou à voir apparaître.
Au final, A Bad Moms Christmas parvient à refaire pas mal tout ce qu’on n’avait pas vraiment aimé du premier opus, mais en probablement pire et incompréhensiblement situé en pleine période des fêtes. L’appréciation sera donc relative au plaisir qu’on a eu lors du premier film et encore là, même ce public trouvera sûrement des moments dans le film où il se questionnera lui-même sur l’utilité et la pertinence d’un tel long-métrage. On regrette également qu’on a remplacé les entrevues du générique de fin par une chorégraphie osée. Ah oui, petite mention également pour l’impensable titre francophone québécois : Les mères indignes se tapent Noël.
4/10
En rappel, ma critique lors de la sortie en salles du premier film.
A Bad Moms Christmas prend l’affiche en salles ce vendredi 3 novembre.
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