Un an après les dernières élections législatives du 29 octobre 2016 en Islande et dix mois après que la dernière coalition tripartite ait formé le gouvernement islandais le 9 janvier, les résultats aux élections du 28 octobre risquent de plonger les politiciens dans un nouveau casse-tête d’alliances afin d’administrer cette société en mutation.
Lors de la soirée électorale du 29 octobre 2016, les médias étrangers s’attendaient à titrer en une la victoire du Parti Pirate, cette organisation internationale qui n’a qu’un poids politique réel en Islande. Tel un glacier indélogeable, le Parti de l’indépendance qui maîtrise les rouages du pouvoir depuis 1944 a obtenu le nombre le plus élevé de sièges, soit 21. La majorité est de 32 sièges sur les 63 que compte le parlement islandais. Le Parti progressiste, qui traditionnellement partageait le pouvoir avec ces conservateurs, a perdu la moitié de ses 19 sièges. Le Mouvement des verts et de gauche et les Pirates en phase avec les nouvelles revendications du peuple islandais floué pendant la crise financière de 2008 et réclamant une nouvelle constitution, ainsi qu’un référendum sur l’adhésion du pays à l’Union européenne, sont arrivés en deuxième et troisième place, obtenant 10 sièges chacun.
Les résultats électoraux de samedi dernier reflètent un fractionnement du vote similaire en de multiples partis. Seul le Parti progressiste maintient ses 8 sièges d’une année à l’autre. Si l’on peut regrouper le Parti de l’indépendance, le Parti de la Renaissance, le Front national islandais, le Parti de la Liberté et le Parti du centre dans l’hémisphère droit, leur bonne entente n’est pas garantie. D’abord, la formation Avenir radieux, à qui on doit la dissolution du gouvernement et le déclenchement des élections n’a obtenu aucun siège. Ensuite, le glacier des conservateurs demeure indélogeable, remportant 16 sièges, mais son appui continue de fondre avec une perte de cinq sièges, qui rappelle la rupture de leur règne de 2009 à 2013 à la suite de la crise financière. Une coalition formée du Mouvement des verts et de gauche et du Parti social-démocrate a gouverné le pays pendant cette période.
Le Mouvement socialiste, écologiste et féministe a obtenu un siège de plus, détenant 11 sièges, tandis que les Pirates défenseurs de la démocratie directe ont perdu 4 sièges pour un total de 6. Le Parti social-démocrate a augmenté ses appuis pour un total de 7 sièges. Si l’année dernière, les Islandais ont donné une chance à Avenir radieux lui accordant 4 sièges, cette fois-ci, le Parti du peuple qui réclame de meilleures conditions de vie pour les personnes pauvres et les personnes handicapées et le Parti du centre ont bénéficié de la grâce de l’électorat, soit 4 sièges pour le premier et 7 pour le second.
Reflux
L’année dernière, la démission de l’ex-premier ministre, Sigmundur Davíð Gunnlaugsson avait marqué la soirée électorale. Le politicien du Parti progressiste dont le nom avait été cité dans le scandale des Panama Papers assistait à la dégringolade de ses appuis. Seulement deux semaines avant les élections du 28 octobre, il revient au galop en fondant le Parti du centre brandissant le cheval islandais sur fond d’aurores boréales comme emblème.
À part les quelque 4 sièges d’Avenir radieux, la dernière coalition au pouvoir à partir du 9 janvier était constituée du Parti de l’indépendance et d’un nouveau parti libéral fondé par un ex-membre de ces conservateurs. Le Parti de la Renaissance n’a obtenu que quatre sièges. Ainsi, la fragmentation de la droite ne garantit pas sa cohésion, mais éloigne la gauche du pouvoir.
Si on calcule, à droite comme à gauche, l’atteinte des 32 sièges nécessaires pour gouverner n’est pas chose faite. Tel qu’observé l’année dernière, plus il y a de partis dans une coalition, plus ça devient compliqué de s’entendre.
« Le pouvoir est surestimé, et ça ne me manque pas du tout », a déjà affirmé le maire anarchiste de Reykjavik de 2010 à 2014, Jón Gnarr.
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