Des centaines d’amateurs des aventures du plus célèbre sorcier à lunettes ont pu assister à un concert inusité à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts ce weekend: la projection sur écran géant du second film de la série Harry Potter, accompagné en direct de la musique d’un orchestre symphonique.
Ce concert s’inscrit dans la récente mode de restituer la trame sonore de films mythiques jouée par un orchestre symphonique juxtaposé par la projection en temps réel du film original. Pensons au film Amadeus, lequel se termina à guichet fermé au printemps dernier, ou à la tournée du compositeur Howard Shore avec son Seigneur des Anneaux dont la popularité mondiale ne dérougit pas. Pas étonnant que cette tournée mondiale du promoteur CinéConcert soit autant courue par le public montréalais.
Autre constat, la présence de l’orchestre en bonne et due forme restitue au premier plan les artisans de la musique œuvrant dans cette industrie. Pour plusieurs parents de jeunes et tout-petits spectateurs, il s’agissait d’une façon éducative de démontrer que la musique de film ne se génère pas automatiquement, au fin fond d’un transistor ou d’une application virtuelle. Les musiciens bien réels qui œuvraient devant nous étaient l’exemple flagrant du défi technique d’une telle restitution sonore.
L’exécution était hors pair et les musiciens particulièrement talentueux. On aurait d’ailleurs apprécié la distribution d’un programme permettant de connaître davantage à qui on avait à faire. Car cet orchestre enchaîne les succès cinématographiques d’une façon assez anonyme, mais toujours des films dits classiques: Le Parrain, Gladiator, Amadeus, Jurrasic Park…
On apprécia particulièrement la présence d’une version distincte du film projeté sur l’écran géant haute définition, lequel avait été édité afin d’y retirer toute trace de musique, laissant ainsi parler l’orchestre en temps réel. Il était d’ailleurs possible d’apercevoir le moniteur de contrôle devant le pupitre du chef d’orchestre, illustrant le tempo requis et le signal visuel de chaque fin de scène, un peu comme lors d’une session d’enregistrement d’une bande sonore cinématographique. On aurait toutefois souhaité un meilleur dosage du volume, l’orchestre paraissant parfois enterré derrière les dialogues des acteurs un peu trop présents.
Il n’en demeure pas moins que cette formule est impressionnante. Pendant près de deux heures, l’orchestre a réussi à restituer à la seconde près la bande sonore riche et complexe du légendaire compositeur John Williams. Une performance colossale, car étalée sur plusieurs heures, et devant être parfaitement synchronisée avec les images projetées. Pour autant l’orchestre savait se faire oublier pour quiconque souhaitait se concentrer sur la projection du film – jamais les yeux fermés n’aurait-on pu détecter qu’il ne s’agissait pas d’un préenregistrement – autant il était possible d’observer plutôt l’orchestre à l’œuvre et l’exécution de chaque parcelle de musique par un instrument donné. Les meilleurs sièges se trouvaient donc en hauteur permettant à la fois décoder le travail de chaque section de l’orchestre, les cordes et les cuivres étant fortement représentés dans l’œuvre de Williams.
On sort d’un tel concert avec une nouvelle compréhension de la musique de film, et de la pertinence de faire connaître cet univers à un large public, sans compter le fait de redécouvrir ce film classique du répertoire fantastique d’une manière tout à fait sympathique et organique. En ce qui concerne la série de J.K. Rowling portée au grand écran, le public montréalais pourra découvrir Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban le 1er et 2 juin 2018, le tout interprété par ce même orchestre.
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