La mère et la mer, toutes deux sources de vie. Voilà autour de quoi si situe le plus récent roman de Chantal Thomas, paru aux éditions du Seuil sous le titre Souvenirs de marée basse.
L’auteure et essayiste nous fait d’abord plonger dans la peau d’une petite fille qui raconte sa relation avec sa mère: une mère qui fuit, une mère qui nage comme pour constamment effacer ses traces. On va suivre la petite qui tente de rattraper cette mère plutôt absente, enfermée en elle-même avec ses espoirs déçus, ses rêves non réalisés et sa peur d’être emprisonnée. Pour cette femme, la mer c’est la liberté, pour sa fille, l’océan c’est le cordon ombilical qu’elle tente de recréer avec sa génitrice.
À travers la description de cette relation compliquée et insatisfaisante, Thomas dépeint avec élégance les petites choses de la vie de tous les étés, autant au bord de l’Atlantique que de la Méditerranée. Elle le fait avec un style riche, foisonnant du vocabulaire le plus approprié et poétique qui soit. Elle arrive à nous faire humer le varech, ressentir les grains de sable qui restent pris entre les orteils et partager le sentiment de frustration de la petite fille qui doit bien finir par rentrer, après toute une journée passée à découvrir la plage et à s’inventer des histoires.
La narration de cette relation filiale avance dans le temps, mais n’évolue pas beaucoup. La distance demeure entre mère et fille et la nage en mer restera toujours un moyen d’évasion, une façon d’éviter d’aborder les vrais enjeux.
Roman de découverte, véritable roman sentimental sans mièvrerie, Souvenirs de marée basses confirme la grande maturité d’une écrivaine accomplie.