C’est le 11 octobre dernier, à la salle Maisonneuve de la Place des Arts, que les Grands Ballets ouvraient leur saison. Sous la férule de leur nouveau directeur artistique, Ivan Cavallari, ils ont choisi de présenter deux œuvres assez conséquentes. En premier lieu, Stabat Mater, de Edward Clug, sur la célébrissime musique de Giovanni Battista Pergolesi. Suivi, en deuxième moitié de programme, de la 7e Symphonie de Ludwig van Beethoven, sur une chorégraphie du regretté Uwe Scholz.
Dès l’abord, c’est le contraste. Vis-à-vis d’une musique tout ce qu’il y a de plus baroque, un décor et des costumes résolument modernes ainsi que certains mouvements plutôt nouveaux et créatifs. Le sujet du Stabat Mater étant bien connu, le spectateur est tenté de retrouver dans la chorégraphie des repères, des symboles qu’il peut rattacher à l’œuvre de Pergolèse. Et ça fonctionne plutôt bien. La représentation de la crucifixion est même très claire, évidente. Mais comment établir un lien entre le propos général de l’œuvre et la représentation dansée d’un défilé de mode? Mystère.
Quoi qu’il en soit, l’œuvre de Clug est bien construite, son déroulement sans anicroche. La performance exigée des danseurs relève davantage de l’expression et de la représentativité que de la prouesse physique. Et cette demande, la troupe y a très bien répondu. La simplicité des accessoires et leur utilisation pertinente illustrent bien l’efficacité de la scénographie. Les éclairages paraissent minimalistes tant ils sont bien dosés. Ajoutons à cela une riche prestation de l’orchestre et des deux solistes, particulièrement en ce qui concerne Maude Brunet, mezzo-soprano, et nous voilà devant un bien bon spectacle.
La barre était ainsi mise pour la deuxième partie du programme. Et je dirais que la barre était rehaussée du simple fait que la chorégraphie était construite sur une œuvre musicale immense, la 7e Symphonie de Beethoven. Ici, nous sommes dans un autre monde. Costumes bien ajustés, pointes pour toutes les danseuses, physiques parfaitement découpés bien mis en évidences, nous voilà partis pour une grande prestation. Construite de façon très classique, la chorégraphie de Scholz reprend pratiquement tout ce qui existe comme mouvements dans le ballet classique, surtout ce qu’il y a de plus beau et de plus difficile à exécuter. Le maximum est exigé des danseurs vedettes et, au fond, de toute la troupe. Beaucoup de danseurs sur la scène, énormément de mouvement, d’énergie, de dynamisme et, surtout, une incroyable harmonie entre les danseurs et entre la troupe et l’orchestre. Bien sûr, avec le niveau de performance attendu, on peut s’attendre à de légères imperfections comme une pirouette légèrement désaxée, quelques difficultés d’alignement ou un synchronisme parfois imparfait entre les interprètes sur scène et ceux dans la fosse. Mais c’est bien pour dire quelque chose et ça nous rappelle que, quoi que nous ayons cru, c’étaient des humains qui dansaient et non des dieux. C’était un véritable ravissement.
En première partie, nous avons eu droit à de Grands ballets. En deuxième, à de très Grands ballets. Courez voir ça, c’est à l’affiche jusqu’au 28 octobre.