De l’orbite, la tache verte est impossible à manquer: plus d’un millier de kilomètres carrés du lac Érié sont à nouveau recouverts d’algues.
Cette éclosion, en plus d’être tardive pour la saison, n’est pas la plus grosse que les Grands Lacs aient connue, mais elle s’inscrit dans une tendance lourde: le lac Érié vit depuis les années 2000 un problème récurrent d’algues vertes, conséquence de la pollution urbaine, du réchauffement et — surtout — des engrais utilisés par les fermiers de la région — engrais qui se retrouvent dans les cours d’eau qui, à leur tour, alimentent le lac.
En plus d’asphyxier la vie marine, une éclosion d’algues peut, à trop fortes doses, rendre l’eau impropre à la consommation. C’est ce qui s’était passé en août 2014, alors que la ville de Toledo, Ohio, avait dû en interdire la consommation à son demi-million d’habitants pendant quelques jours. Selon une étude de l’Institut Carnegie et de l’Université Stanford, la surface recouverte par ces éclosions d’algues augmente d’été en été depuis 20 ans — une augmentation en dents de scie, mais dont la tendance générale à la hausse est néanmoins très nette. À travers le monde aussi, les éclosions d’algues, qui se traduisent parfois en de véritables « zones mortes », où toute vie marine a été asphyxiée, se font plus nombreuses et plus larges. Un programme de restauration des Grands Lacs, dont les 300 millions $ sont à risque d’être coupés par Washington, a fait cet été l’objet d’une défense commune des gouvernements des États américains et des provinces canadiennes entourant cette masse d’eau douce parmi les plus grandes du monde.