Faut-il modifier les normes déterminant qui peut présenter une demande pour obtenir une aide médicale à mourir? Pour les proches aidants, interrogés à ce sujet par la Société Alzheimer, la réponse est quasi-unilatéralement positive.
Ce coup de sonde s’inscrit dans le cadre d’une étude scientifique portant sur l’aide médicale à mourir et les proches aidants du Québec, étude dévoilée jeudi par Gina Bravo, professeure à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke et chercheuse au Centre de recherche sur le vieillissement du CIUSSS de l’Estrie – CHUS.
Au dire des résultats des travaux, 91% des proches aidants interrogés seraient ainsi favorables à ce que l’on étende l’accès à l’aide médicale à mourir aux personnes inaptes, et plus particulièrement aux gens touchés par l’Alzheimer.
« Au Québec, plus de 141 000 personnes sont atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’autres maladies neurodégénératives. En incluant les proches aidants, près de 500 000 Québécois vivent un combat chaque jour », mentionne-t-on par voie de communiqué.
« Depuis la réouverture du dossier par le Dr Barrette, l’aide médicale à mourir se veut de plus en plus une préoccupation pour les personnes atteintes et les proches aidants que nous soutenons tous les jours. Ce qui s’explique facilement, compte tenu qu’à ce jour, il n’y a pas de remède à la maladie », affirme Jean-François Lamarche, directeur général et chef de la direction de la Fédération québécoise des Sociétés Alzheimer.
L’étude intitulée Étendre l’aide médicale à mourir aux personnes inaptes: qu’en pensent les proches aidants du Québec? a été menée auprès de 306 proches aidants, soit 220 femmes et 86 hommes.
Parmi les résultats du coup de sonde, on constate que s’ils développaient la maladie d’Alzheimer, 77,5% des répondants rédigeraient une demande préalable d’aide à mourir.
Lorsqu’interrogés sur les conditions qui devraient être remplies, 65% des répondants ont choisi la présence de douleurs physiques qui ne peuvent être soulagées, et 62% la présence de souffrances psychiques.
« En conclusion, 91% des répondants ont appuyé l’idée d’étendre l’aide médicale à mourir aux personnes inaptes, au stade terminal, avec signes de détresse et en présence d’une directive écrite, quoique 72% des répondants se sont dits favorables même en l’absence d’une directive écrite. Et ce, quels que soient l’âge, le sexe, le pays d’origine, le groupe ethnique, le niveau de scolarité ou le statut socio-économique du proche aidant. Le seul facteur qui exerce une influence est l’importance de la religion. Toutefois, étendre l’aide médicale à mourir aux personnes inaptes demeure un sujet complexe sur le plan éthique et clinique, en raison du potentiel d’adaptation de la personne à son état et de l’impossibilité de confirmer le désir de mourir à partir d’un certain stade de la maladie », lit-on dans le communiqué.