Chez Boréal, on publiait le mois dernier le plus récent ouvrage de Stéphanie Filion, qui a déjà écrit des carnets et deux recueils de poésie. Cette fois, c’est d’un roman qu’il s’agit et c’est intitulé Grand fauchage intérieur, en référence à un mouvement de judo qui porte le même nom.
C’est le récit fictif d’une femme qui ne s’est pas remise de la mort accidentelle de son conjoint et de son fils, voilà déjà sept ans. Dans une quête continuelle qui ressemble autant à une fuite qu’à une recherche de soi-même, Jeanne, le personnage principal, tente de s’imprégner des lieux qu’elle visite, d’appréhender de nouvelles cultures comme pour trouver des réponses qui, finalement, sont peut-être tout simplement au fond d’elle-même.
Jusque-là, tout va bien: on s’identifie un peu à Jeanne, on compatit à sa douleur, on prend pour soi la gentillesse de ses hôtes libanais. Mais là où j’ai vraiment décroché, c’est dans la description qui est faite d’une relation de passage entre Jeanne et un Franco-Libanais dont elle fait la connaissance à Beyrouth. Il n’y a pas trois jours qu’elle le connaît qu’elle parle de lui ainsi : « J’ai senti que mon corps imitait son odeur. (…) Ce matin-là, dans la douche, je m’étais pourtant bien frottée avec la savonnette. J’avais mis mon né dans mon aisselle et j’y avais reconnu son odeur distincte. » Quelques pages plus loin, l’auteure en rajoute: « Une heure avant de te retrouver, mon ventre se met à faire mal, je suis si nerveuse, je peux à peine parler, à peine manger, on dirait que je vais à la mort. »
Ce récit initiatique, qui sait nous mettre dans une certaine ambiance avec d’habiles descriptions des lieux, des odeurs, de la lumière et du climat, est malheureusement alourdi par le récit de la relation fusionnelle et improbable des deux principaux protagonistes. Le résultat est doux-amer.