Pour l’ouverture de la nouvelle saison de la Fondation Arte Musica, le 15 septembre, à la Salle Bourgie, les Violons du Roy étaient accompagnés du Quatuor Arthur-LeBlanc, sous la direction du chef Andrei Feher. Le concert s’intitulait Terre des hommes et réunissait des œuvres de différents horizons et de différentes époques.
Au programme:
- Nino Rota, Concerto pour cordes
- Pierre Mercure, Divertissement pour quatuor à cordes et orchestre à cordes
- Edward Elgar, Introduction et Allegro pour quatuor à cordes et orchestre à cordes
- Yannick Plamondon (présent pour la création), Wihtikow, In memoriam femmes mortes, enlevées et disparues
- Morton Gould, Elegy pour orchestre à cordes
- Ludwig van Beethoven, Quatuor à cordes no. 16 en fa majeur, op. 135 (arr. pour orchestre à cordes d’Andrei Feher).
Le Rota fut très évocateur, avec des influences de Rossini, et un sentiment de fuite et de poursuite très bien rendu par l’orchestre. Le chef Feher paraissait en parfaite maîtrise et y est allé d’une gestuelle expressive, doublée d’une précision chirurgicale.
L’Allegro du Divertissement de Pierre Mercure était vif à souhait et l’Adagio empli de sensibilité. Le fameux pizzicato de cette œuvre a été interprété avec tellement de délicatesse et de vitalité qu’on se serait cru en camping, à la fin d’une averse, lorsque les dernières gouttes de pluie s’abattent doucement sur le toit de la tente…
Pour la première partie du concert, c’est probablement la pièce d’Elgar qui a le plus fait impression, non seulement par ses qualités intrinsèques, mais aussi par la richesse des sonorités et la couleur intense des violons qui pouvait nous faire croire, si nous fermions les yeux, que l’orchestre comprenait aussi une section de bois. De tout beauté.
Tout au long du Mercure et du Elgar, les membres du Quatuor Arthur-LeBlanc ont fait preuve dans leur interprétation de rigueur et de leadership. Je considère cependant qu’un quatuor à cordes accompagné par un orchestre à cordes risque parfois d’être noyé dans la masse, de moins pouvoir se distinguer.
En deuxième partie, la très courte œuvre de Plamandon n’a pas eu besoin de plus que ses quatre minutes (deux minutes jouées deux fois) pour faire impression, pour affirmer haut et fort l’engagement du compositeur pour la cause des femmes autochtones assassinées, enlevées ou disparues. Une œuvre forte, touchante et troublante, soutenue par une interprétation sensible, presque émotive.
Pour parler du Gould, disons seulement que nous n’en avons eu qu’une bouchée. Nous aurions aimé que le buffet suive. Quelle suavité, quelle invitation !
Peu de choses à dire pour la pièce finale (la pièce maîtresse ?) de ce concert. Peu de choses en réalité parce que c’est Beethoven et parce que tout le monde était au rendez-vous, parce que le chef dirigeait avec plus d’intimité face au compositeur, par que cette œuvre tardive du grand maître annonçait un peu la suite de l’histoire de la musique.