Un décret signé le 22 août par le président du Brésil Michel Temer met fin à la Reserva Nacional del Cobre y Asociados (Renca), une zone de 46 km2 dont 10,5% de la superficie ont été ciblés à des fins d’exploitation minière. Le peuple autochtone Wajãpi, quasi décimé par la rougeole en 1970, passant de 2000 à 150 individus, refuse de céder leur territoire, rapporte El Pais le 12 septembre.
Au sud de la Guyane française, le territoire de la Renca est aussi grand que le Danemark. Son sol recouvre de l’or, du cuivre et du manganèse. L’exploitation minière implique la déforestation de la forêt amazonienne, c’est-à-dire 20% de la faune planétaire au temps du réchauffement climatique… à l’heure où la température élevée de l’océan a engendré l’ouragan dévastateur Irma.
Foulant ce sol depuis plus de cinq siècles, ce n’est qu’en 1996 que les Wajãpi ont démarqué officiellement leur territoire. Aujourd’hui, les 1300 membres se partagent cette partie de l’Amazonie brésilienne se déplaçant à travers la forêt pour défendre leurs frontières. Des routes se rendent à leur réserve de chaque côté.
Incarnant l’une des plus anciennes mémoires vives du pays, les hommes et les femmes se promènent torse nu comme leurs ancêtres. Ils se peignent de teinture provenant de semences d’urucú, un fruit de la zone qui leur donne une coloration rouge. Toutes les femmes portent un peigne à la ceinture pour se démêler les cheveux. Leurs habitations sont faites de bambou revêtues de paille et ils dorment dans des hamacs.
Leur rapport à la nature est mystique puisque selon leurs croyances, ils appartiennent à des dieux invisibles. « La terre a un maître, le fleuve a un maître, les arbres ont un maître. Ce n’est pas l’homme qui a inventé la nature », affirme un chef. Alors, on doit la respecter et les minéraux doivent rester où ils sont afin que les arbres demeurent bien enracinés. « Si ce n’étais pas de nous, je crois que cette forêt n’existerait plus », poursuit-il. L’Amazonie leur permet de se nourrir et de se protéger de l’appât du gain des blancs.
« Si on élimine la Renca, la fièvre de l’exploitation minière va commencer en Amazonie », avertit l’écologiste qui travaille dans la région, Verena Almeida. Elle soutient que l’exploitation minière va entraîner la déforestation et une augmentation de la population attirée par la ruée vers l’or, ce qui menace la vie des autochtones et des activistes qui défendent la forêt.
Archéologie
Les Wajãpi et d’autres peuples autochtones ont précédé l’arrivée des Portugais qui ont fondé le Brésil. À la conquête en 1500, l’écosystème de l’Amazonie « n’aurait pas été vierge d’activité humaine ». Il y a 2000 ans, de grands et mystérieux terrassements découverts récemment grâce à la déforestation y ont été construit, rapporte Radio-Canada le 8 février.
Les 450 géoglyphes géométriques qui occupent environ 13 000 km2 auraient pu être utilisés comme lieux de rassemblement rituel plutôt que pour des raisons défensives. Au lieu de brûler de grandes étendues de forêts, les peuples ont transformé leur environnement en se concentrant sur des essences végétales économiquement précieuses comme les palmiers, créant un répertoire de produits forestiers utiles.
Ces structures ont été découvertes dans l’État d’Acre, au nord-ouest du Brésil, en bordure du Pérou où résidait la civilisation inca. Alors que la forêt des Wajãpi se situe de l’autre côté du pays, non loin de l’Atlantique.