Le narcotrafiquant Felipe Escurra Rodríguez arrêté pour avoir comploté l’assassinat du journaliste Cándido Figueredo Ruiz a été libéré le 2 septembre, rapporte le quotidien espagnol El Pais le 13 septembre. Ce dernier craint pour sa vie.
En prison depuis 2016 pour trafic de drogues et d’armes, la libération de Felipe Escurra Rodríguez a surpris tout le secteur judiciaire. Cette menace de mort enregistrée par les policiers est survenue à la suite d’une série de chroniques publiées dans le quotidien ABC Color de la capitale Asunción. « Nous avons publié une enquête où nous montrons deux pistes d’atterrissage pour transporter la cocaïne de Bolivie et pour emmener la marijuana. L’escouade des narcotiques l’a détruit et je suis devenu l’ennemi numéro un », a confié Cándido Figueredo Ruiz à partir de sa maison située à la frontière entre le Brésil et le Paraguay.
Il s’agit de la zone où il y a le plus d’homicides au monde, le plus souvent des règlements de compte entre bandes. Le journaliste y vit sous protection policière 24 heures sur 24 depuis plus de 20 ans. Trois femmes et quatre hommes le surveille, lui et sa femme, jour et nuit. Le couple reçoit des menaces de mort constamment, ainsi que des tirs sur leur domicile et leur voiture.
« C’est l’alerte rouge. L’annonce de la libération nous a découragé. Nous sommes plus vulnérables et plus préoccupés. Avec la rage qu’ils éprouvent à notre égard, ils ne se retiendront pas de venir vers nous parce qu’avec les publications nous détruisons toute leur structure », a expliqué le journaliste récipiendaire du Prix international de la liberté de presse du Comité pour la protection des journalistes en 2015.
« Nous ne recevons pas l’appui nécessaire de la part des autorités afin de préserver la liberté de presse. Ici l’impunité règne, quelqu’un peut acheter les juges et les procureurs, nous nous sentons abandonnés et ignorés », affirme le journaliste en dénonçant le narcotrafiquant.
« Où est-il? Il est impossible de le savoir », poursuit-il craignant pour sa vie.
Profession risquée
« L’impunité des auteurs de meurtres envers des journalistes au Paraguay est de 100% », affirme le membre de mecanismo Nacional de Prevención de la Tortura (MNP), Dante Leguizamón.
Ce dernier est le fils du premier reporter assassiné le 26 avril 1991, Santiago Leguizamón pendant la chute de la dictature d’Alfredo Stroessner (1954-1989).
Depuis, 16 journalistes ont été tués au Paraguay.