Ce n’est pas tous les jours que la grande nouvelle en astronomie est une sonde spatiale qui va s’écraser sur Saturne.
Encore que « s’écraser » ne soit pas le mot juste: Saturne est une grosse boule de gaz, comme Jupiter, qui n’a pas de surface solide détectable. Mais le résultat sera le même: en plongeant dans les nuages de Saturne le 15 septembre, la sonde Cassini plongera vers sa fin inéluctable, désintégrée par les pressions de plus en plus fortes auxquelles elle sera soumise.
C’est une fin programmée, qui était écrite dans le ciel — sans jeu de mots — par ceux qui calculaient sa trajectoire à l’avance depuis des années. Et une fin qui a même une intention altruiste: à court d’énergie, laissée à elle-même, Cassini aurait pu finir par aller s’écraser sur une des lunes de Saturne, en particulier une de ces lunes qui, dans leur enveloppe glacée, cachent peut-être des traces de matière organique, voire de vie. Plutôt que de contaminer un de ces mondes, la sonde spatiale utilisera ses dernières réserves d’énergie pour descendre vers la planète géante.
Elle n’a pas démérité: lancée en 1997, Cassini tourne autour de Saturne depuis 13 ans (ou 294 orbites, annonce fièrement la NASA). Si elle n’était pas le premier engin humain à s’approcher de la planète aux anneaux, elle a été le premier — et le seul — à s’en approcher autant et pendant aussi longtemps. Amassant au passage des masses de données sur plusieurs de ses 60 et quelques lunes, dont les plus prometteuses pour les traqueurs de vie: Encelade, Dione, et surtout Titan. Titan, le seul monde de notre système solaire, à part le nôtre, à posséder une atmosphère digne de ce nom, et du liquide — des hydrocarbures, mais liquides tout de même, une rareté cosmique. Un monde sur lequel s’est posé en janvier 2005 le compagnon de Cassini, le module européen Huygens, accomplissant une première qui n’aura pas d’équivalents dans un avenir prévisible.