Le sixième opus de Patrice Lessard paraîtra le 6 septembre aux éditions Héliotrope, sous le titre Cinéma Royal.
Il met en scène Jeff, un barman qui aurait pu faire bien autre chose dans la vie. Jeff, qui rêvait de connaître le monde, a fait le choix de s’enterrer dans son patelin natal et de vivre sa petite routine quotidienne sans chercher à donner du piquant à sa vie. Jusque-là, il n’y a pas d’histoire à raconter. Mais voilà que surgit une belle étrangère (premier cliché parmi d’autres) qui se met à fréquenter le bar et qui va chambouler la vie de notre spécialiste en bières pression et grosses quilles. Voilà le contexte de cette fiction, ce récit à la première personne dans lequel notre héros, depuis que la belle et racée Luz, est entrée dans son bar, ne cherche qu’à se distinguer de ses clients, de ses voisins et même de tous ses concitoyens. Plus rien n’est assez bon pour lui. Ses clients sont des paumés, Louiseville est un trou et tous ses habitants sont des péquenots… ou des mafieux. Point n’était nécessaire d’en beurrer si épais.
On l’aura compris, la relation qui se développe entre Jeff et la femme du riche avocat au service des entrepreneurs véreux, c’est l’illustration du désir profond de notre héros de changer de vie, de tenter l’aventure, de compléter enfin quelque chose qu’il aura commencé.
Tout cela est écrit dans un style fluide et dans une langue juste assez colorée : l’auteur n’apparaît pas prétentieux. La psychologie du personnage principal peut cependant nous sembler un peu nébuleuse, surtout que les accès de violence du barman énamouré ne collent pas à son discours. Malaise.
Par ailleurs, si l’auteur tenait tant que ça à faire référence à un film d’Hitchcock, il n’avait pas besoin de remplir plusieurs pages d’affilée à ce sujet. Une référence n’a pas besoin d’être expliquée dans le détail. Malheureusement, peut-être à court d’idées, Lessard assoit une grande partie du roman, dont la chute, sur un scénario qui n’est pas de lui. Il n’est aucunement question de plagiat ici, car l’auteur honore autant l’auteur du scénario du film que celui du texte qui l’a inspiré. Mais il n’est pas beaucoup, non plus, question d’inspiration.