La quatrième édition du Festival Ahuntsic en fugue a pris fin vendredi dernier en l’Église de la Visitation, quatrième et dernier des quatre lieux où s’étend le festival. On y présentait un programme intitulé Soirée romantique estivale. Les interprètes de la soirée étaient Julie Boulianne, mezzo-soprano; Hubert Tanguay-Labrosse, clarinette et Mathieu Gaudet, piano. L’animation du concert était assurée par Georges Nicholson.
Le pâtre sur le rocher, de Schubert ouvrait la soirée de belle façon grâce à une clarinette très mélodieuse, à un soutien approprié du piano et surtout grâce à la voix si généreuse de Julie Boulianne. Aussi puissante dans les graves que dans les aigus, la voix de la mezzo-soprano était parfaitement adaptée au lyrisme profond du grand mélodiste. On l’imaginait tellement bien chanter en duo avec Dietrich Fischer-Dieskau…
Venait ensuite l’Abîme des oiseaux, extrait du Quatuor pour la fin du temps, une œuvre écrite en captivité par Olivier Messiaen, duquel on nous a fait entendre un enregistrement vocal qui décrit la petite histoire de cette œuvre. Cette trouvaille dans l’animation ajoutait un certain intérêt à l’œuvre elle-même. Ce mouvement en solo ressemble grandement à une acrobatie sans filet et Tanguay-Labrosse en est sorti non seulement indemne, mais certainement un peu auréolé. Sa maîtrise des crescendos interminables qu’on retrouve dans cette partition nous a fait vivre des moments particuliers et mémorables. J’avais l’impression que le son de sa clarinette s’emparait de mes tympans et circulait bien à l’aise dans ma tête. Un vrai talent et une acoustique de qualité, voilà un bel amalgame.
Les Mélodies de Reynaldo Hahn ramenaient sur scène une Julie Boulianne au sommet de son art. Riche, vivante et nuancée, son interprétation nous a démontré que la cantatrice est aussi à l’aise avec la chanson française qu’avec les grands airs de Haendel. Pour sa part, Gaudet lui a offert un accompagnement dont il a fait une mélodie sans jamais usurper la place qui revient à la chanteuse. Il y avait là une belle complicité.
Pour clore ce programme, une œuvre majeure : la Fantaisie en Do majeur (Wanderer), D. 760, de Schubert. Une pièce costaude et riche. Malheureusement, le pianiste n’a pas été à la hauteur du respect qu’il voue sûrement au compositeur. Un jeu un peu brouillé (trop de pédale ?), un presto trop peu subtil, une interprétation pas assez brillante, quelques fausses notes et un besoin que je n’ai pas compris de piocher sur l’instrument comme pour lui faire entrer la partition dans le corps. Ça ne m’a pas plu, vous l’aurez compris.
Question organisation et logistique, le micro défectueux et les remerciements trop longs nous indiquent que le Festival Ahuntsic en fugue manque encore un peu de professionnalisme. Par contre, les programmes qu’on peut y entendre sont très intéressants et je suis curieux de connaître leur prochaine cuvée.