Après un succès d’envergure à l’édition 2017 du Festival Fantasia, dans le cadre des projections de films québécois, voilà que la plus récente création du très connu réalisateur Robert Morin, Le problème d’infiltration, prend prochainement l’affiche sur les écrans de la province.
Chirurgien esthétique renommé, le Dr Louis Richard semble vivre une vie de rêve. Un travail qu’il accompli avec brio, un talent pour les rénovations, une gigantesque maison disposant de tous les petits plus destinés aux riches, une famille qui semble aimante… Pourtant, il suffira d’une seule journée pour que tout se mette à dégringoler. Mais est-ce vraiment le cas? En grattant un peu pour passer sous la surface d’une vie en apparence parfaite, on tombe rapidement sur la moisissure qui ronge l’ensemble de la vie du Dr Richard.
Qu’est-ce que Louis désire, au fait? Quelle est sa définition du bonheur? Ce père de famille interprété de façon stupéfiante par Christian Bégin ne serait-il qu’un être avide de tout contrôler? Tout y passe: son travail, sa femme, son fils, le vin et la nourriture qu’il sert à ses invités…
Sous la pression, les divers aspects de sa vie se mettent à craquer, à se fissurer pour laisser voir l’horrible vérité qui se cache sous le vernis de respectabilité.
De fait, Morin donne le ton dès la première scène du film: confronté à un patient affreusement défiguré, le personnage du Dr Richard est forcé de se mesurer à, on le devine, l’équivalent de son alter ego. À la personnalité affable et calme du médecin, on oppose un homme laid, colérique, agressif…
C’est donc cet homme, ce Mr. Hyde, si l’on veut, qui remplacera peu à peu le Dr Richard qu’on nous présente au début du film.
Si cette idée d’une double vie, d’une colère mal cachée n’est pas nouvelle, Robert Morin réussit ici certains bons coups, sans toutefois parvenir à faire de son Problème d’infiltration un film qui tient la route jusqu’à la toute fin.
On a ainsi droit à certaines séquences qui tombent cruellement à plat. D’où vient cette situation familiale désastreuse? Qu’est-ce qui a poussé Louis Richard à devenir un homme aigri, amer et potentiellement psychopathe? Le film, présenté sous la forme d’une série d’événements se déroulant pendant une seule journée, offre peu ou pas d’explications. Pourtant, dans ce genre de scénario, ce qui intéresse, ce n’est pas seulement la fin, quand tout fout le camp, mais aussi l’origine de la crise, les signes avant-coureur…
Cette imprécision fait en sorte que le réalisateur et Christian Bégin semblent comprendre les motivations du personnage principal, alors que le public est là, dans la salle de cinéma, à attendre qu’il se passe quelque chose ou qu’on veuille bien nous expliquer un tant soit peu le scénario.
Voilà, donc, où Le problème d’infiltration se prend les pieds dans les fleurs du tapis. Le film se veut intimiste, mais donne plutôt l’impression de nous étouffer, de chercher à nous distraire plutôt qu’à nous éclairer. Et la finale, avec ses excellents jeux de lumière et sa très bonne mise en scène, n’est pas en mesure de racheter le reste de l’oeuvre.
Le film prendra l’affiche le 25 août