Dans une région paisible mais pauvre de la campagne, un paysan signe un pacte avec le diable: l’homme aura droit à toutes les richesses souhaitées, mais le coût à payer sera terrible. Transposée au cinéma, cette fable appelée La jeune fille sans mains prend l’affiche vendredi à la Cinémathèque québécoise.
Réalisé – et surtout dessiné à lui seul – par Sébastien Laudenbach, le long-métrage d’animation a déjà été primé au Festival international du film d’animation d’Annecy, l’an dernier. Après un bref passage lors de la Fête du cinéma à la Cinémathèque, en mai, voilà donc que l’oeuvre reprend l’affiche, au plus grand plaisir des cinéphiles.
Difficile de parler de La jeune fille sans mains sans évoquer son apparente fragilité. Les dessins sont volontairement laissés en l’état, incomplets, ramassis de couleurs parfois passées. Tout cela évoque, avec les traits grossiers mais paradoxalement étonnamment fins, une certaine douceur, une langueur. Les personnages, dont les expressions faciales sont peu ou pas apparentes, ne dévoilent leurs émotions que par certains grands gestes, ou encore par l’excellente narration.
Conte moins connu des frères Grimm, La jeune fille sans mains raconte donc l’histoire de ce pacte avec le diable, qui tient mordicus à emporter la jeune fille du paysan ayant tout sacrifié pour satisfaire sa cupidité. Et si le message contre l’attrait des richesses terrestres est peut-être un peu lourdement martelé, on ne cessera de s’étonner devant le côté parfois sombre de la nature humaine. Devant ce père prêt à faire tuer sa femme, puis mutiler sa fille dans sa poursuite de l’inatteignable.
Film portant, film envoûtant, mais aussi film rafraîchissant, La jeune fille sans mains offre une pause dans tout ce brouhaha quotidien. Le temps de se questionner, tout en beauté, sur ce qui forme l’essentiel de nos existences.