Les efforts effectués par les agriculteurs pour réduire la quantité de fertilisants atteignant les sources d’eau potable peuvent nécessiter des années d’attente avant d’avoir un impact, selon une nouvelle étude de l’Université de Waterloo dont fait état le site internet Phys.org.
L’étude a établi qu’en fonction du type de terrain, les démarches visant à réduire le volume de nutriments provoquant l’apparition d’algues, comme l’azote et le phosphore, qui atteint les sources d’eau comme les Grands Lacs peuvent nécessiter des décennies avant de porter fruit.
« Ces dernières années, des gens impliqués en agriculture ont consacré temps et argent à tenter de réduire l’impact des engrais sur l’eau potable », mentionne Nandita Basu, professeure associée en génie et science à l’Université de Waterloo. « Ce que cette étude nous indique, c’est qu’il peut s’écouler très longtemps avant de constater les résultats des démarche de lutte contre la pollution, et que nous devons donc faire attention de ne pas porter un jugement trop rapidement. En fait, ces efforts peuvent s’étendre sur 30 à 40 ans pour avoir l’impact désiré. »
Dans le cadre de cette étude, Mme Basu, en compagnie de Kimberly Van Meter, elle aussi de l’Université de Waterloo, a examiné plus de 50 années de données environnementales sur le bassin versant de la rivière Grand, dans le sud-ouest de l’Ontario. Ces données rassemblent non seulement des informations sur la qualité de l’eau, mais aussi sur l’épandage d’engrais et la production de bétail.
Après avoir analysé les données, les chercheurs ont constaté que l’apport des nutriments dans les sources d’eau a en fait diminué de façon constante depuis la fin des années 1980. Malgré cette baisse, toutefois, la qualité de l’eau ne s’est améliorée que lentement.
Si certains bassins versants, particulièrement ceux avec plusieurs champs d’épuration, ont commencé à afficher une réduction de l’apport de nutriments dans les cinq à 10 ans suivant la diminution de l’utilisation des engrais, d’autres n’affichent pas encore de transformations importantes. L’étude démontre que le délai entre la mise en place de mesures de conservation et les véritables améliorations en matière de qualité de l’eau est souvent de l’ordre de plusieurs décennies.
« Comprendre ces délais est essentiel pour établir des objectifs en matière de qualité de l’eau », mentionne Mme Van Meter. « Lorsque nous mettons en place une politique pour réduire le volume de nutriments de l’ordre de 40%, il est important de comprendre qu’il peut s’écouler des décennies avant d’atteindre cet objectif, même si les gestionnaires des bassins versants font tout ce qui est nécessaire. »