C’est vendredi soir, à la Chapelle Notre-Dame-de-Bonsecours, que la mouture 2017 de l’Orchestre de la Francophonie donnait son ultime concert. Dans un véritable four, chauffé à plus de 30 degrés, les jeunes musiciens ont eu l’occasion de montrer l’ampleur de leurs talents dans un programme concocté à la dernière minute et pour lequel ils n’ont eu que très peu de temps pour répéter.
En effet, pour des raisons hors de son contrôle, l’OF n’a bénéficié que de trois semaines pour se retourner sur une pièce de monnaie et organiser ce concert qui en remplaçait un autre qui a dû être annulé. Qu’à cela ne tienne, les organisateurs ont pondu un programme fort intéressant et ont pu recruter les solistes qu’il fallait pour se joindre à l’orchestre.
Comme pour aller avec la température du lieu, le programme pourrait être qualifié de programme d’été, par son accessibilité. Mais il s’agissait tout de même d’œuvres « sérieuses » et costaudes.
Dès le début du concerto de Haydn, on notait un bel équilibre entre la trompette et l’orchestre, le chef s’assurant de laisser toute la place nécessaire au jeune soliste tout en l’appuyant solidement. Cependant, un léger manque de synchronisme est survenu au début du troisième mouvement. Par ailleurs, la grande qualité de l’acoustique des lieux aidait à mettre en valeur les efforts du jeune Lyndsay. Efforts qui étaient somme toute assez apparents, non seulement à cause de la chaleur trop élevée, mais peut-être de la difficulté de la partition. Encore loin du niveau d’un Wynton Marsalis ou d’un Maurice André, le travail du soliste a tout de même rendu hommage à la beauté de l’œuvre de Haydn et l’accueil du public l’en a bien récompensé.
C’est, sans contredit, l’interprétation du Bœuf sur le toit qui fut le grand moment de la soirée. Après nous avoir livré un petit préambule pour nous expliquer l’origine de l’œuvre, la soliste invitée et le chef Rivard, en parfaite complicité, ont enflammé la baraque. C’était la fête et le plaisir se voyait sur les visages de tous les musiciens. On a même vu Simon Rivard se dandiner tout en dirigeant. La fougue de la jeunesse, qualité intrinsèque de l’OF, était palpable et donnait toute la force attendue de l’orchestre dans cette œuvre. La parfaite maîtrise de la partition par Mme Triquet et sa technique sans faille avaient de quoi impressionner. D’une œuvre qui est déjà haute en couleur, elle a réussi à en élargir le prisme. Chapeau!
Après l’entracte l’OF s’est attaqué à une œuvre exigeante, la Symphonie no. 4 en sol majeur de Mahler, et il l’a fait en démontrant un calibre impressionnant, surtout après déjà plus de 90 minutes à supporter la chaleur et l’humidité ambiantes. De la couleur, du lyrisme et une très bonne communication entre le chef et ses musiciens, voilà ce qui caractérisait cette interprétation. Il faut faire remarquer le talent du chef Rivard pour faire ressortir les nuances de l’œuvre et mettre en valeur toutes les forces de son orchestre.
Et ce n’est pas tout. Après avoir sué, s’est éventé et essuyé, les musiciens ont remis ça avec, en rappel, « Ouverture célébration » de Léo Purich, altiste au sein de l’Orchestre de la francophonie. Dans cette œuvre, composée à l’occasion du 150e anniversaire du Canada, on pourrait trouver l’influence autant d’un Edward Elgar que d’un Beethoven, mais avec tout de même une certaine originalité. Il a de l’avenir, ce jeune compositeur.
En conclusion, c’est avec brio que se termine cette saison 2017 de l’OF, entre les mains déjà expertes de son directeur artistique par intérim Simon Rivard.
Programme
Joseph Haydn : Concerto pour trompette en mi b majeur
Darius Milhaud : Le Bœuf sur le toit (arr. J.M. Zeitouni)
Gustav Mahler : Symphonie no. 4 en sol majeur
Solistes
Tyler Lyndsay, trompette, membre de l’OF
Julie Triquet, violon
Andréanne Brisson-Paquin
Direction
Simon Rivard