Derrière plusieurs guerres du passé, il y a d’abord eu de la propagande diffusée pour convaincre la population de la nécessité d’attaquer « l’ennemi ». À quand le moment où une cyberattaque et des fausses nouvelles propagées par les réseaux sociaux fourniront le prétexte à un véritable conflit armé?
Ça pourrait venir plus tôt qu’on ne l’imagine, écrit l’expert en cybersécurité Adam Segal dans le New York Times. Déjà, en mai dernier, le gouvernement des Émirats arabes unis, un petit État voisin de l’Arabie Saoudite, a orchestré le piratage informatique de l’agence de presse du Qatar, un autre petit État de la région: une fausse nouvelle diffusée par cette agence a contribué aux menaces et aux sanctions dirigées depuis juin contre le Qatar par ses voisins.
Mais il ne faut pas s’en étonner, poursuit Segal: la Russie est connue pour utiliser ces stratégies depuis des années — pour inciter à des manifestations, influencer des élections ou simplement ébranler la confiance dans les institutions des autres pays. Par ailleurs, en août 2012, le gouvernement indien avait accusé des pirates informatiques pakistanais d’avoir tenté de provoquer des affrontements violents en diffusant de fausses images de musulmans soi-disant tués dans des manifestations en Inde. Il s’agissait en fait de victimes d’un séisme au Tibet. « Il y a peu de choses qu’on puisse faire pour empêcher d’autres pays de tenter des opérations similaires. Ces stratégies coûtent peu » et il est facile de nier ensuite en être le responsable. Enfin, comme la crise autour du Qatar le démontre, « les petits États apprennent des plus grands comment exploiter les cyberattaques pour créer des perturbations politiques ».