De l’énergie propre. Abordable. En quantités illimitées. Sans danger. Dans le cadre du festival Fantasia, la réalisatrice Mila Aung-Thwin présente Let There Be Light, la quête d’une machine capable d’accomplir une réaction de fusion nucléaire. Et surtout, une réaction de fusion qui dégage plus d’énergie qu’elle n’en consomme…
La fusion nucléaire est déjà largement répandue. La preuve? Voilà exactement la réaction qui se produit au coeur de chaque étoile, y compris de notre soleil. Celui-ci, en combinant deux atomes d’hydrogène, forme un atome d’hélium et produit suffisamment d’énergie pour éclairer et chauffer notre monde. Le hic, c’est que cette réaction de fusion se produit à des températures dépassant l’entendement, aux environs de 150 millions de degrés. Impossible de reproduire cette température en laboratoire, sans disposer de la pression crée par la taille titanesque d’une étoile. La solution? Utiliser des champs magnétiques pour contrôler un plasma surchauffé. Et c’est là que le plaisir commence.
Après tout, n’imite pas toujours la Nature qui veut. Mais l’ingéniosité humaine est bien souvent sans limites, et voilà que certains des plus grands esprits de la planète planchent depuis des décennies sur une façon de parvenir à une réaction de fusion capable de produire assez d’énergie pour en finir avec l’utilisation des combustibles fossiles.
Dans un documentaire absolument fascinant, Mme Aung-Thwin et son équipe explorent la vie et les ambitions de ces chercheurs plus que passionnés qui ont bien souvent consacré leur vie à cet idéal un peu fou. D’un côté, il y a ITER, ce projet multinational dont le bâtiment est déjà en construction en France. Prometteur, mais embourbé dans des problèmes bureaucratiques, politiques et financiers, ITER prévoit « allumer la machine » en 2025.
Ailleurs, ce sont de très petites entreprises, ne comptant souvent que quelques dizaines d’employés, qui s’affairent à mettre au point des méthodes légèrement différentes pour parvenir à une réaction de fusion. « Nous n’avons que des pièces pouvant être achetées au quincaillier du coin », dira en substance l’un de ces chercheurs. Le processus est plus long, certes, mais cette machine n’a pas besoin des 16 milliards d’euros prévus pour l’ITER, par exemple. N’est-ce pas là l’essence de la science, après tout? Les percées scientifiques majeures ne se sont pas toutes produites dans de grands laboratoires aseptisés. Bien souvent, la connaissance humaine a bondi grâce à des gens entassés dans des bureaux étroits, entre des monceaux de vieux papiers ou des ordinateurs dépassés. L’équipe travaillant à partir de locaux loués sur un site d’entreposage a peut-être autant de chances de parvenir à une réaction de fusion que les gens de chez ITER. Et voilà ce qui fait la force de Let There Be Light: la science progresse grâce à du financement, certes, mais surtout en raison des rêves de ceux qui s’y adonnent corps et âme.
Ne manquez rien de notre couverture de l’édition 2017 de Fantasia en cliquant ici.
Un commentaire
Pingback: Fusion nucléaire | A r t s & S c i e n c e s