Good time arrive à point pour remettre les pendules à l’heure. En effet, si vous étiez en train de rater le bateau, à l’instar de Kristen Stewart qui s’émancipe avec brio grâce à Assayas, Pattinson multiplie les collaborations dorées pour pousser ses capacités au firmament, poussant les deux vedettes d’une franchise dont on ne prononcera pas le nom, à mener de front l’élite de la relève d’acteurs d’aujourd’hui. Mieux, le nouveau film des frères Safdie est rien de moins qu’électrisant.
Après un peu moins de deux décennies à multiplier les courts-métrages et les longs-métrages amateurs, voilà que les frères Safdie ont décidé de s’imposer avec classe en livrant un film qui a hypnotisé la croisette. Il faut l’admettre, avec un scénario déjanté qui pousse le film d’errance à un paroxysme flamboyant, en plus de bénéficier de plusieurs têtes d’affiche et d’une délirante trame sonore qui a valu à Daniel Lopatin (sous son nom d’artiste Onehtrix Point Never) et ses synthétiseurs le prix de la meilleure trame sonore lors du dernier Festival de Cannes, Good Time fait effectivement passer tout un moment à ses spectateurs qui se ramassent dans un tourbillon d’événements.
Si la dérape semble rapidement être hors de contrôle, il faut savoir que c’est un chaos mutuel qui se transmet devant et derrière l’écran, créant une synergie de confusion entre les personnages et les spectateurs, menée de mains de maître par les frères Safdie qui ont décidément plus d’un tour dans leur sac pour constamment faire avancer leur film.
Dans la veine de Victoria, le plan-séquence en moins, on fait vivre l’enchaînement de conséquences pratiquement en temps réel alors que Connie doit faire sortir son frère Nick de prison après un vol qui a décidément mal tourné. Bien qu’il ait l’air d’un mécréant sans vergogne, Robert Pattinson est magnétique dans le rôle principal, usant de son charisme pour mêler la débrouillardise au pathétique, forçant le spectateur à suivre, béat, un être indescriptible dans ses mésaventures.
Peut-être est-ce parce que le temps s’arrête rarement dans cette course contre la montre tendue qui multiplie les escales et les personnages saugrenus (on pense à Jennifer Jason Leigh qui nous refait le coup de l’hystérie, aux débuts fort prometteurs de la jeune Taliah Webster ou à Barkhad Abdi victime de son propre sort), mais l’expérience est viscérale et on se laisse emporter avec bonheur. On déambule dans la ville, on se pose des tas de questions et on jubile face à l’inventivité spontanée des personnages qui, à défaut de ne pas toujours avoir les meilleurs réflexes, savent comment surprendre et épater autant positivement que négativement.
C’est sûrement alors l’aisance de l’ensemble qui motive autant. Bordé d’une assurance qui captive, le film joue ingénieusement sur les situations et les lieux pour en tirer le meilleur et, étrangement, le plus réaliste. C’est dans cette espèce de vérité omnisciente des vies condamnées d’avance qu’on veut rarement s’avouer qu’on trouve une authenticité qui va au-delà de ce sens du style que Nicolas Winding Refn par exemple laisse dominer face au réalisme de ses situations, tout en rappelant constamment qu’on assiste à du cinéma, à une œuvre, qui brime les limites entre la réalité et la fiction. Le rythme haletant nous laissant de toute façon que bien peu de temps pour réfléchir convenablement, trop pris que nous sommes dans l’instantanéité de ce qui se produit sous nos yeux.
Good Time est alors une bien belle surprise et un suspense fort réussi. Un film visuellement inquiétant et psychologiquement troublant à plus d’un niveau, mais qui livre une expérience qui amuse et stimule constamment le spectateur en lui donnant juste assez de contenu pour l’habiter pendant et après le visionnement.
7/10
Good Time est présenté au Festival international de films Fantasia jeudi 27 juillet à 21 h 15 au Théâtre Hall de l’Université Concordia, en présence de sa tête d’affiche Robert Pattinson, ainsi que ses deux réalisateurs Ben et Joshua Safdie. Il prend ensuite l’affiche en salles le 25 août prochain.
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