Dans l’ombre d’Hollywood se terre l’ex-cascadeur Ric Roman Waugh, qui a décidé de prolonger sa carrière au cinéma en signant et réalisant des films qui passent malheureusement sous le radar, tout en étant décidément tout sauf inintéressants. Son récent Shot Caller, dont personne n’a probablement entendu parler, mérite certainement une écoute.
Cascadeur dès le début des années 80 jusqu’au début du nouveau millénaire, Waugh s’est ensuite consacré à ses longs-métrages qui ont montré un penchant pour le système judiciaire américain. Alignant des distributions de qualité, il a su exhiber un flair intéressant pour des mises en scène qui contournent les aléas plus prévisibles et convenus de ses scénarios. Après un efficace, mais pas nécessairement mémorable Snitch avec Dwayne Johnson, voilà que le cinéaste continue une ascension toujours aussi intrigante avec Shot Caller qui, malgré sa durée, hypnotise aisément.
Aidé de sa complice Dana Gonzales à la direction photo, il renoue aussi avec le compositeur Antonio Pinto qui offre une trame sonore fort délicate et émotive qui berce avec insistance tout le film pour l’enduire d’une atmosphère qui nous asphyxie dans les méandres toxiques de son histoire. C’est qu’on y raconte la certaine chute et renaissance d’un homme qui voit sa vie transformée à la suite d’un accident.
En effet, aidé du jeu dévoué de Nikolaj Coster-Waldau, le protagoniste est un père de famille et un homme d’affaires ordinaire et à la vie parfaitement rangée qui tue par accident son partenaire. S’ensuit un cauchemar qui le pousse à devoir purger sa peine dans une prison à sécurité maximale où il apprendra la nécessité de la loi de la jungle pour survivre, l’amenant à devenir un tout autre homme pour s’assurer de rester en vie.
Loin de la maîtrise et la subtilité du magistral Un prophète de Jacques Audiard, on n’a pas ici un pendant américain. Néanmoins, à l’aide d’un scénario davantage travaillé que ses précédents efforts, qui s’amuse avec plus d’aisance avec les alternances et la temporalité, en plus de jouer également avec le montage – si l’on oublie les fils blancs et les invraisemblances -, disons qu’on y trouve un suspense qui est certainement poignant et captivant jusqu’à un certain point.
Il faut dire que d’autres têtes d’affiche plus ou moins connues font leur apparition, de Jon Bernthal à Benjamin Bratt et Max Greenfield, en passant par Emory Cohen à Lake Bell qui aime bien se faire plaisir dans des contre-emplois. Cela contribue grandement à élever l’intérêt qui est constamment rehaussé par l’audace de la réalisation qui a toujours envie de surprendre et de ne pas faire comme tout le monde.
Shot Caller est donc une curiosité qui vaut le détour. Un film qu’on connaît déjà et qu’on a certainement déjà vu, mais doté d’une belle maîtrise et d’une assurance recommandable. De quoi continuer de garder Ric Roman Waugh à l’œil en se disant qu’à ce rythme, il finira bien par nous pondre un film digne de mention.
6/10
Shot Caller ou L’exécuteur en version traduite au Québec est disponible en DVD et Blu-Ray via VVS Films dès ce mardi juillet.
P.S. mention d’honneur au distributeur qui a pastiché à la quasi-perfection l’affiche de Snitch pour sa pochette afin de jouer sur le subconscient du spectateur. Vous ferez vos recherches, c’est fascinant!