Dans une université américaine, Noelle, étudiante en arts plastiques, est violée lors d’une soirée par un étudiant qui lui était tombé dans l’oeil. Mortifiée, terrorisée, horrifiée par le traitement qu’on lui réserve – avait-elle bu? A-t-elle provoqué son présumé agresseur? Que portait-elle? -, elle décide plutôt de prendre les choses en main et de se venger des violeurs en liberté sur le campus.
Avouons-le tout de suite: ce journaliste n’avait pas spécialement envie de s’attaquer à M.F.A.. Présenté dans le cadre du Festival Fantasia, qui n’a pourtant pas peur de plonger, souvent jusqu’aux coudes, dans les tripes parfois fétides de sujets tout aussi horribles les uns que les autres, le film réalisé par Natalia Leite donne malgré tout l’impression de se mouvoir en terrain miné. Est-ce une surprise, en fait, que la réalisatrice et la scénariste soient toutes deux des femmes? L’oeuvre aurait-elle pu aller aussi loin dans la revenge porn si des hommes avaient été aux commandes d’un film sur les agressions sexuelles?
Quoi qu’il en soit, l’oeuvre ne perd aucun instant à plonger dans le feu de l’action, si l’on peut dire. Noelle est séduite, violée, puis jetée aux orties comme un véritable déchet. Pire encore, son agresseur l’invite chez lui peu de temps après, et s’étonne que sa victime lui demande des excuses. « Allez, je sais que tu as aimé ça », lui lance-t-il, alors qu’on a franchement envie de traverser l’écran pour le rouer de coups. Ulcérée, Noelle repousse son violeur qui bascule par-dessus une balustrade et s’écrase un étage plus bas, tué sur le coup.
S’ouvre alors un nouveau monde pour Noelle. Décidée à jeter à bas l’édifice patriarcal qui sous-tend encore trop souvent les relations sociales, y compris sur les campus universitaires, elle utilisera ses charmes pour s’attaquer aux agresseurs et aux violeurs, mettant à mal la culture du viol qui dégage une fétide horreur de charogne.
Au passage, le film n’hésite pas à tabasser celles qui veulent bien faire en demandant la distribution de vernis à ongles capable de détecter si la drogue du viol a été ajoutée dans un verre d’alcool. « Et si on demandait plutôt à ce que les étudiants cessent d’agresser et de violer? », demande Noelle, créant le malaise. L’idée va de soi, certes, mais on dirait que dans le film, à l’image de la vraie vie, les décideurs demeurent encore incapables de prendre le taureau par les cornes et de s’attaquer à la racine du problème.
Cela ne veut pas dire que les gestes meurtriers de Noelle sont excusables. Mais comme elle le dira si bien à un policier qui lui parle de cette vague d’assassinats, encore faut-il que toutes les lois soient respectées. Y compris, donc, celles qui devraient protéger les femmes contre les agressions sexuelles.
Film brûlot, M.F.A. vise entre autres à choquer, et évite en partie de se pencher sur les véritables conséquences des actes de sa protagoniste. Mais bon, il s’agit d’un film, après tout, et pas d’un documentaire. En ce sens, le long-métrage est satisfaisant… même s’il fait rager!
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