Si le projet POSSIBLES, avec ses 12 manifestations artistiques, multiplie les points de vue sur l’avenir de la métropole en s’appuyant sur, là aussi, une douzaine de thèmes divers, voilà que le réalisateur Patrick Péris a décidé de s’attaquer à forte partie: la démocratie, version 400e anniversaire de fondation de Montréal.
Ce projet audacieux de M. Péris se décline sous la forme de Droit de parole: notre futur collectif selon la jeune génération, un documentaire d’une heure qui sera présenté jeudi soir à l’hôtel de ville de Montréal. Pour l’occasion, le cinéaste a décidé de se tourner vers les enfants, eux qui ont beaucoup plus rarement voix au chapitre.
« C’est une volonté personnelle d’aller prendre le pouls de la jeune génération, puisque nous n’avons pas souvent la chance de les entendre », explique M. Péris au bout du fil. « Après tout, le futur, c’est leur futur! Ils sont plus jeunes, et ont tout à découvrir. »
« Quand le thème de la démocratie m’a été octroyé, j’ai eu le goût d’aller voir plus en profondeur ce qui résonne chez les enfants », poursuit celui qui a parlé à plus de 80 jeunes de toutes les origines et du plus grand nombre de quartiers possible. « Le plus jeune a cinq ans; le plus vieux, 17 », précise-t-il. « Je suis vraiment impressionné par l’intelligence de ces jeunes-là », dit M. Péris, qui est lui même papa, mais dont les enfants étaient trop jeunes pour faire partie du groupe d’âge visé par sa démarche cinématographique et sociale. « Déjà, je regarde leur évolution par rapport à la mienne, durant mon enfance, et on n’a pas les mêmes stimuli! Et ça, je crois que ça transparaît dans le film, l’impact de l’information, de l’internet… Je crois qu’en tant que société, on ne gère pas ces questions de la même façon qu’il y a cinq ans, par exemple. »
L’ampleur du sujet a par ailleurs amené M. Péris à produire une oeuvre plus longue que prévu: « Le film dure 56 minutes au total, mais ce n’est pas quelque chose qui est long ou qui est lourd à écouter… »
« On y trouve de belles perles, des surprises… des choses un peu plus naïves, oui – en bas de 10 ans, habituellement, c’est plus cute -, mais les thèmes principaux qui reviennent sont la pollution, la diversité culturelle, le racisme, la question de la démocratie selon l’angle du vivre-ensemble. » Par la bande, on y aborde aussi les phénomènes des réseaux sociaux, des téléphones intelligents. Et même si les plus jeunes n’ont jamais connu d’époque sans un appareil électronique à portée de main, cela ne les empêche pas d’éprouver les mêmes inquiétudes que leurs aînés à propos de la place occupée par les moyens technologiques.
Jeunesse veut aussi parfois dire optimisme bien placé: certains enfants ayant répondu aux questions du cinéaste sont ainsi (déjà) parvenus à sortir des sentiers battus pour explorer de nouvelles possibilités, ou encore de nouvelles solutions à des problèmes qui pendent au-dessus de notre tête collective comme autant d’épées de Damoclès.
Ce Droit de parole, Patrick Péris espère le voir prendre son envol, histoire, peut-être, que le film fasse le tour des écoles, ou qu’il serve encore à inspirer les dirigeants. À quoi bon présenter un aperçu de l’avenir, un coup d’oeil sur les 25 prochaines années, si cette vision du futur décrite par ceux qui le vivront pleinement disparaît aussitôt montrée?
« Ça demeure un exercice qui a été effectué auprès d’un segment de la population qui a quelque chose à dire, des gens qui ne sont pas affectés par les réalités politiques, économiques et financières », souligne M. Péris, qui dit vouloir que son film « fasse parler les gens ».
Droit de parole: notre futur collectif selon la jeune génération est présenté jeudi le 20 juillet à 19h.