Le secteur agricole québécois s’inquiète d’une possible hausse soudaine du salaire minimum qui en porterait le montant à 15 $ de l’heure, une revendication de longue date de la part de groupes américains qui a trouvé bon nombre d’adhérents progressistes de ce côté-ci de la frontière.
Dans une déclaration transmise par voie de communiqué, l’Union des producteurs agricoles (UPA) soutient, étude à l’appui, que le secteur horticole (maraîcher, pommes, fraises, framboises, légumes de transformation) serait particulièrement touché par une telle hausse.
Selon l’étude, peut-on lire, le nombre d’emplois en agriculture au Québec s’élevait à 70 300 en 2016, c’est-à-dire 28 200 producteurs agricoles, 28 400 employés locaux (temps plein, temps partiel et saisonniers), 10 400 travailleurs étrangers temporaires (TET) et 3300 postes vacants. En combinant le nombre d’employés locaux au nombre de TET, on estime donc à 38 800 le nombre d’employés agricoles. De ce nombre, environ 60 % (10 300 employés locaux et la très grande majorité des 10 400 TET) gagnent un salaire avoisinant le salaire minimum (entre 11,25 $ et 12 $ l’heure).
« C’est au gouvernement du Québec de décider si une hausse du salaire minimum à 15 $ l’heure est un moyen efficace et approprié pour lutter contre la pauvreté et les inégalités. Il doit toutefois garder en tête que la rentabilité de milliers de fermes serait compromise si cette hausse n’était pas accompagnée de mesures significatives pour en atténuer l’impact », a déclaré le premier vice-président de l’UPA et président d’AGRIcarrières, Pierre Lemieux.
Toujours au dire de l’étude réalisée par la firme Forest Lavoie Conseil, les dépenses de main-d’oeuvre représentent déjà la part du lion des engagements financiers des entreprises du secteur, les salaires occupant déjà de 33 à 54% des budgets pour les secteurs horticoles étudiés, « ce qui suppose des répercussions beaucoup plus importantes pour ces entreprises advenant une hausse marquée du salaire minimum ».
» Les impacts de deux scénarios, soit une augmentation du salaire minimum à 12,45 $/h d’ici 2020 (comme annoncé par le gouvernement du Québec) et à 15 $/h, sont documentés dans l’étude. »
« L’étude de la firme Forest Lavoie Conseil démontre que l’agriculture québécoise vivrait difficilement une hausse soudaine du salaire minimum. C’est encore plus vrai dans le secteur horticole confronté à des fruits et légumes importés de pays où le salaire minimum est beaucoup moins élevé, qui affiche des dépenses de main-d’œuvre importantes et où l’on trouve une très forte proportion de travailleurs rémunérés à un taux qui avoisine le salaire minimum. Le gouvernement du Québec doit travailler avec le secteur agricole et trouver des solutions s’il décide d’aller de l’avant », poursuit Pierre Lemieux.