À la Maison symphonique de Montréal, le 5 juillet dernier, avait lieu une soirée plutôt spéciale. Il s’agit de la presque rencontre de deux mondes musicaux dans le cadre de deux festivals de musique concurrents: le Festival d’orgue de Montréal, associé au Festival international de jazz de Montréal. Le seul véritable objet commun entre les deux spectacles présentés ce soir-là? Le grand orgue Pierre-Béique, cette merveille issue du génie de Casavant Frères.
En première partie donc, un programme tout ce qu’il y a de plus sérieux, couvrant de la période baroque jusqu’à aujourd’hui, avec, d’une part, la création de Concordia Salus, une fantaisie pour orgue de Graham Gordon Ramsay, présent pour l’occasion et d’autre part, Toccata, adagio et fugue en do majeur BWV 564 de Jean-Sébastien Bach. Entre les deux, Schumann, Whitlock, Roger-Ducasse et Escaich. Dès la première œuvre, magistrale en elle-même, Christian Lane a su démontrer une maîtrise impressionnante, une technique assurée et un aplomb surprenant pour son âge encore plutôt tendre. Dans le scherzetto de la sonate de Whitlock, et dans le Bach, Lane a montré à tous ce que ça voulait dire, danser au-dessus d’un pédalier. C’était à couper le souffle. Un instrument magnifique et un interprète remarquable. Voilà ce qu’il faut retenir de cette prestation. Ne manquez pas Christian Lane lorsqu’il reviendra à Montréal.
En deuxième partie, bienvenue dans un autre monde, celui de la musique klezmer et du jazz endiablé. Quel plaisir de voir et d’entendre une brochette de musiciens d’ici s’associer avec l’organiste en résidence de l’OSM pour nous offrir deux heures de belle musique, de plaisir évident, d’intensité et de folie musicale. Même si André Moisan a quelque peu volé la vedette de cette superbe prestation, nous avons tout de même assisté à un très beau travail d’équipe avec ses comparses Frédéric Alarie, contrebasse, Hélène Lemay, trombone, Camil Bélisle, batterie et Jean-Wily Kunz, à l’orgue. La salle de la Maison symphonique se prête très peu aux débordements enthousiastes des festivaliers du FIJM mais le plaisir était palpable et les têtes étaient nombreuses à suivre le rythme. De beaux arrangements, de bons choix de musique traditionnelle, et une œuvre sentimentale dédiée au regretté Léon Bernier, tout y était pour satisfaire tout le monde. Pas besoin de dire que le rappel a lui aussi été un succès.