Vendredi soir, à la Salle Gilles-Lefebvre du Centre d’art d’Orford, était lancée, et de belle façon, la saison 2017 du Festival Orford Musique.
Dans une salle presque pleine, c’est à une expérience multisensorielle et de haute technologie que nous conviait la harpiste Valérie Milot: le spectacle Orbis. Seule sur scène, l’artiste était installée sous un dôme de tissu vaporeux à travers lequel on pouvait la voir et sur lequel étaient projetées des images tout au long de la prestation.
Chacune des partitions incluait un accompagnement préenregistré, interprété par Les Violons du Roy, sous la direction de Mathieu Lussier, et par quelques autres interprètes dont Antoine Bareil, violon et Ziya Tabassian, percussions.
Le programme présenté par Valérie Milot, résolument moderne, a été interprété d’un seul tenant d’environ 60 minutes. Voilà de quoi il était composé:
- Castille 1382, d’Antoine Bareil;
- In a Landscape, de John Cage;
- As Old sa You’re Young, de Gentle Giant (arrangements A. Bareil et V. Milot);
- Electric Counterpoint, de Steve Reich;
- El Dorado, de Marjan Mozetich et
- G Spot Tornado, de Frank Zappa (arrangements A. Bareil).
L’effet produit par les projections quasi continuelles sur le dôme était certes intéressant, mais la programmation et l’interprétation suffisaient amplement à faire de ce concert un moment mémorable. En pleine maîtrise de son art, Mme Milot nous a emmenés loin, très loin au-dessus des sièges que nous occupions dans la salle Giles-Lefebvre. Le fait qu’il n’y ait aucune pause entre les pièces donnait l’impression que tout cela était une longue et calme respiration. De celles qu’on recommande pour la méditation, pour l’élévation spirituelle : un envoûtement qu’il aurait été très agréable de prolonger.
Après sa prestation, la harpiste s’est gentiment prêtée aux questions du nouveau directeur général d’Orford Musique, Wonny Song, et à celles du public. Avouant que le spectacle Orbis lui apparaissait plus exigeant que son travail habituel au sein de formations plus conventionnelles, Mme Milot n’en a pas moins informé le public qu’elle souhaitait faire tourner Orbis au moins durant cinq ans, si possible durant dix: une occasion de faire rayonner la créativité des artistes québécois, partout dans le monde.
Il ne faut peut-être pas s’attendre à ce que toutes les prestations du festival soient aussi remarquables, mais, à la lecture de son programme, de grands espoirs sont permis. Voici quelques exemples d’invités prestigieux: Marc-André Hamelin, André Laplante, Lorraine Desmarais et son big band, I Musici de Montréal, Stéphane Tétreault et Paul Huang, Yannick Rieu. Le festival a cours jusqu’au 12 août. Courez-y!