C’est tout? Seulement quatre épisodes? Le générique du quatrième – et dernier – épisode de la première saison de la télésérie Castlevania, diffusée sur Netflix, défile à l’écran, et voilà que l’on en voudrait plus. Beaucoup plus.
Lancée vendredi dernier sur le service de diffusion de contenu vidéo en ligne, la série s’inspire bien entendu de l’oeuvre culte du développeur de jeux vidéo Konami. Peu à peu délaissée par le studio qui semble avoir mieux à faire que de répondre aux attentes de ses fans en choisissant plutôt de se mettre les amateurs de jeux vidéo à dos et de développer des machines à boules pour le marché japonais, la saga Castlevania trouve ici, dans cette adaptation en dessin animé du titre Castlevania III: Dracula’s Curse, un débouché qui fonctionne particulièrement bien. On y recense toutefois quelques petits accrocs qui pourront séduire les amateurs du genre, ou rebuter quelque peu les néophytes.
Castlevania, donc. Dans la province fictive de Wallachia, à l’aube de la Renaissance européenne, une jeune femme désireuse d’apprendre les secrets de la science pour faire sortir le Vieux Continent de l’obscurantisme religieux se rend frapper à la porte du dantesque château de Dracula. Celui-ci, amusé par la détermination de la jeune femme, finira par s’éprendre de cette dernière. Un quart de siècle plus tard, toutefois, la détermination de cette femme, Lisa, l’amènera non pas dans les plus grandes institutions, mais plutôt sur le bûcher, l’Église craignant que des paysans mieux éduqués finissent par rejeter l’ordre « naturel » des choses – soit une vie dominée par sa toute puissance catholique.
Fou de rage, Dracula rejettera alors les enseignements pacifiques de sa défunte femme, et libérera en Wallachia une horde de créatures maléfiques destinée à y détruire toute trace d’humanité.
Contre ce fléau démoniaque se dressera péniblement Trevor Belmont, dernier fils d’une famille luttant depuis des générations contre les êtres surnaturels (y compris les vampires), et dont l’héritage ne tient plus qu’à un fil, l’Église ayant justement excommunié les Belmont pour « pacte avec le diable ». Plus désireux de boire jusqu’à en tomber dans les pommes que de se porter à la défense des dernières villes humaines encore épargnées par l’armée de Dracula, Belmont n’en demeure pas moins un combattant hors-pair, armé d’une épée, mais surtout de l’iconique fouet qui a en partie fait le succès des personnages dans les jeux. Embrigadé malgré lui dans cette aventure, il devra faire équipe avec d’étonnants compagnons pour espérer, un jour, tuer Dracula et sauver ce qui peut encore l’être en Wallachia.
Avec ses allures d’anime japonais, mais sans toutefois nier ses racines décidément occidentales, la télésérie Castlevania exploite particulièrement bien les thèmes foisonnants de l’Inquisition, de la folie religieuse, des vampires et de l’horreur. Si les sources d’inspiration ne manquent habituellement pas lorsque vient le temps de combiner ces divers ingrédients, il est souvent facile de tomber dans les nombreux pièges aux allures de clichés, pièges que les réalisateurs et scénaristes réussissent presque toujours à éviter.
L’une des forces de ces quatre premiers épisodes est sans contredit le fait qu’ils soient destinés à un public adulte. Castlevania ne refuse jamais de dépeindre la violence, préférant montrer les tripes répandues sur le sol et le sang qui gicle, même quand il s’agit de victimes innocentes, voire de jeunes enfants. Nul doute, après tout, que la vengeance d’un vampire surpuissant n’épargnera personne.
Le personnage de Trevor Belmont, sorte de brute au grand coeur, qui donne l’impression d’avoir trop vu de morts et de gestes horribles, justement, vient lui aussi renforcer l’idée que l’ère des héros galants et nobles est bel et bien terminée. L’idée d’un bandit idéaliste n’est pas nouvelle, mais cela démontre que le scénario offre une certaine profondeur… Et cela, c’est sans compter les dialogues qui gagnent eux aussi en qualité.
Tout n’est cependant pas parfait, dans ce Castlevania télévisé. La courte durée de la première saison, d’abord, risque d’en agacer plus d’un. Si certaines rumeurs évoquent le fait que la commande originale portait plutôt sur un film qui aurait ensuite été séparé entre quatre épisodes d’une trentaine de minutes, les amateurs seront heureux d’apprendre que Netflix a déjà commandé une deuxième saison, qui comptera cette fois huit parties.
On peut aussi se demander ce qui est passé par la tête des scénaristes ou des doubleurs lorsqu’est venu le temps d’enregistrer les dialogues. Certains personnages, dont Trevor Belmont, doublé par Richard Armitage, réussissent à s’en tirer, mais pour d’autres, on a l’impression que les cours d’intonation et de jeu sont loin, très loin. Est-ce une erreur de casting? Ou voulait-on plutôt recréer cette impression de doublage anglais passable des séries d’animation japonaises? Le problème n’est pas suffisant pour faire décrocher le téléspectateur, mais il faut espérer que des changements seront apportés pour la prochaine saison.
Au final, avec ses décors superbes, son animation de qualité, sa très bonne musique, son scénario solide, son horreur librement exprimée et montrée, Castlevania est une excellente adaptation du jeu vidéo. C’est à voir!