La présence de policiers armés à l’événement familial de la Color Run ayant lieu tous les premiers samedi du mois de juin a semé la controverse. Le webzine islandais Reykjavik Grapevine critique la nouvelle stratégie de sécurité du gouvernement du premier ministre Bjarni Benediktsson, le 13 juin.
L’acte terroriste survenu à Manchester, au Royaume-Uni, est l’événement qui justifie le port d’arme des policiers islandais lors d’événements publics, dont le Secret Solstice Festival du 17 juin. Le point de vue « en général il n’est pas possible d’exclure la possibilité d’une attaque terroriste » des autorités s’oppose à l’argument comme quoi la présence d’armes à feu augmente le risque de violence.
En 1967, le professeur de psychologie Leonard Berkowitz a mené une recherche révolutionnaire sur ce qu’il a appelé « l’effet des armes ». Cette recherche republiée à plusieurs reprises démontre que la présence de fusils peut augmenter la probabilité du recours à la violence. Les détenteurs de fusils, incluant les corps policiers, sont sujets à trouver des raisons pour les utiliser. De plus, les individus non armés réagissent plus agressivement vis-à-vis de ces détenteurs d’armes à feu, cite Reykjavik Grapevine.
Le journaliste et fondateur du parti socialiste d’Islande, Gunnar Smári Egilsson a lancé une question sur Facebook: « Si les policiers portent des fusils à la Color Run, que vont-ils porter à la prochaine manifestation ? »
Le journaliste télévisuel Sölvi Tryggvason a capté les réactions des participants à l’événement et les a diffusées sur Facebook. « Ça n’a absolument pas de sens, cette américanisation ne va pas nous faire sentir plus en sécurité. Au contraire, les officiers avec des fusils vont rendre notre société plus dangereuse. Les fusils attirent d’autres fusils, la peur nourrit la violence », a-t-il affirmé.
Le National Security Council of Iceland s’est rencontré le 12 juin à l’aéroport de Keflavik afin de s’entretenir sur le changement des protocoles des corps policiers, incluant l’augmentation de l’arsenal. « Nous craignons que ce qui est arrivé dans les pays voisins va se répéter ici, et c’est pourquoi nous faisons ces changements. Pour l’instant, les dispositions prises pendant la Color Run vont se répéter dans les futurs événements », a affirmé le chef de la National Police Federation of Iceland, Haraldur Johannessen.
Rassemblement
Si de règle générale, plus il y a de fusils, plus il y a de décès causés par les armes à feu, le cas de l’Islande est différent, d’après un article du Guardian en 2015. À peine 1 % des Islandais appartiennent à un club d’armes à feu et on estime que 90 000 fusils existent dans ce pays de trois millions d’habitants, ce qui classe l’Islande au 15e rang du classement mondial des pays avec détenteurs d’armes à feu. Par contre, si 47 136 personnes ont été tuées au Brésil et 14 827 aux États-Unis en 2012, seulement une personne à été tuée en sol islandais.
L’exception de l’Islande relève du fait que les policiers ne portent pas de fusils, de la faible démographie, d’un registre strict des armes à feu, d’un esprit communautaire, ainsi que d’un système correctionnel libéral, d’après le Guardian.
2 commentaires
Je croyais que la population de l »Islande était de 330,000 h ???? alors chaque famille possèdrerait une arme à feu ???
Bonjour Michel,
selon l’article du Guardian, il y aurait environ 90 000 armes à feu en Islande en 2015. Pour ce qui est de la répartition, c’est relatif. On pourrait supposer qu’une famille sur deux possède 2 armes à feu, ou qu’une famille en possède 5, alors que 4 autres n’en ont pas. Le concept de « famille » est également relatif : https://www.statice.is/statistics/population/family/
Il ne faut pas perdre de vue que beaucoup d’Islandais chassent.
Le problème soulevé n’est pas la quantité d’armes à feu, mais le fait d’en porter une lors de rassemblements publics. La nuance est importante.
Merci pour le commentaire