Alors que se poursuivent les célébrations du 375e anniversaire de Montréal, le Musée des Beaux-Arts vise à ramener la métropole à l’époque des grands chambardements sociaux, politiques et culturels de la fin des années 1960 avec Révolution, une exposition présentée jusqu’en octobre. N’oubliez pas votre petit livre rouge et votre fleur au canon!
Impossible de le nier: l’impact culturel, social et politique de la fin des sixties se fait encore sentir aujourd’hui. Qu’il s’agisse des Beatles, dont l’album Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band fêtait récemment ses 50 ans, de l’éveil de la Chine maoïste, de la littérature de Gaston Miron, ou encore de l’apothéose de la course à l’espace, cette époque déborde de symboles qui ont transformé la société.
Pourquoi, alors, ne pas profiter de l’intérêt renouvelé des Montréalais pour cette période et tenter de résumer l’épiphonémène, histoire d’offrir un aperçu de la chose? Voilà la tâche dantesque que tente d’accomplir le MBAM avec cette Révolution se déclinant en une poignée de tableaux. Ici, des disques et des vêtements d’époque. Là, des livres, des uniformes, des extraits de films, des documents d’archives.
On admire certes la diversité des artéfacts – sans oublier leur nombre -, mais on ne peut s’empêcher de trouver qu’il y en a justement trop. Oh, il y a bien cette salle Woodstock, avec des extraits du concert projetés sur d’immenses écrans, avec ce tapis de gazon synthétique fort à-propos, tout comme des instruments et des vêtements ayant été utilisés par nul autre que Jimi Hendrix. Il y a bien, aussi, certaines pièces spécifiques, certains extraits qui font sourire, qui rappellent de bons moments, ou qui étonnent par leur originalité et leur pertinence, et ce même 50 ans après les faits. Mais au final, le MBAM déverse sur les spectateurs un torrent de références historiques sans véritablement en expliquer la provenance, l’impact, ou encore la signification. On a bien droit à quelques vignettes, ici et là, mais croyait-on vraiment que l’on pourrait résumer Miron, par exemple, à une simple couverture de livre? Ou que l’on pourrait nous offrir une poignée de maquettes et d’affiches pour résumer la course à la Lune, tout juste à côté d’un fauteuil en boule et d’une robe décorée du motif des boîtes de conserve d’Andy Warhol?
À trop vouloir jouer sur la nostalgie des plus vieux, on passe complètement à côté de l’importance historique des oeuvres, des mouvements, des événements. Il y aurait tant à dire, par exemple, uniquement sur Woodstock! Mais le musée ne demeure qu’en surface. Non, le MBAM n’est pas un musée d’histoire à proprement parler, mais un peu de profondeur aurait été fortement apprécié. C’est bien dommage.