Gabrielle Ferland, collaboration spéciale
Une nouvelle espèce de grenouille de cristal découverte en Équateur est menacée par l’exploitation pétrolière dans son habitat, rapporte le quotidien espagnol El País le 29 mai.
Des chercheurs de la Universidad de Quito et de différentes institutions des États-Unis ont découvert une nouvelle espèce de grenouille de cristal dans la jungle amazonienne de l’Équateur. L’amphibien, baptisé Hyalinobatrachium yaku, se distingue de ses congénères par la série de points verts foncés sur sa tête et sur son corps, un chant de longue durée (jusqu’à quatre secondes) et de plus haute fréquence, en plus de son péricarde transparent qui permet d’observer les battements de son cœur à travers sa peau.
Dans une étude publiée par la revue ZooKeys, les scientifiques expliquent que toutes les espèces du genre Hyalinobatrachium ont le pli ventral complètement transparent, ce qui signifie que les organes sont totalement visibles, mais ce ne sont pas toutes les grenouilles de cristal qui ont le cœur visible à travers la poitrine. Chez certaines, cet organe est blanc, de sorte qu’on ne voit pas le sang rouge, comme dans le cas de cette nouvelle espèce.
Une autre particularité de cet amphibien est son comportement reproducteur : les mâles sont responsables de garder les œufs sous les feuilles d’un arbre jusqu’à ce qu’ils éclosent et tombent dans le courant d’eau. Les biologistes mettent en garde que cette nouvelle espèce est déjà en voie d’extinction, en raison de l’exploitation pétrolière dans son habitat. « Les grenouilles de cristal ont besoin de ruisseaux totalement propres pour procréer. Si l’eau est contaminée, ces amphibiens ne peuvent survivre », peut-on lire.
La construction de routes est aussi une menace. Les chercheurs soulignent que la présence d’une autoroute dans une ville nommée San José de Payamino a affecté l’abondance et la diversité des amphibiens. Tous les H.Yaku répertoriés à cet endroit étaient à plus d’un kilomètre du bord de l’autoroute. « Les grenouilles de cristal ont besoin de segments de forêt continus pour interagir avec les populations voisines, et les routes agissent comme des barrières pour la dispersion des individus en transition », alertent les biologistes. Ils demandent au gouvernement de l’Équateur de prendre des mesures pour préserver cette espèce. « Ces animaux peuvent nous aider à comprendre le schéma évolutif qui a fait en sorte que certains amphibiens sont transparents », concluent-ils.