Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker va comparaître devant le Parlement européen sur l’évasion fiscale à travers les politiques de l’État du Luxembourg totalisant 317 millions d’euros. L’étude du groupe des Verts démontre que les impôts des citoyens de neuf pays européens ont été détournés, rapporte le quotidien catalan La Vanguardia.
Qui se souvient des arguments anti-Brexit? Dans sa campagne en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE), la première ministre du Royaume-Uni Theresa May peut ajouter l’argument de la magouille financière. Ce fléau inversement proportionnel à l’efficacité du système politique, tel qu’illustré par le cinéaste Ken Loach dans son film I, Daniel Blake (2016) qui a remporté la Palme d’or au Festival de Cannes.
D’emblée, le quotidien catalan souligne que les sommes d’argent que les caisses des États ont cessé de percevoir dans les dernières années ne sont pas toutes dues à des pratiques illégales ou à la limite de la légalité de la part d’entreprises ou de particuliers. Une partie de ces pertes proviennent de décisions adoptées par les ministres de l’Économie et des Finances et par le manque de volonté de certains gouvernements pour lutter contre la fraude fiscale. Au niveau de la directive sur la fiscalité sur l’épargne, l’accord final conclut en 2003 a permis au Luxembourg, à l’Autriche et à la Belgique de continuer de pratiquer le secret bancaire en échange du paiement d’un faible taux sur les rendements des épargnes des particuliers, sans tenir compte des entités légales.
Cet accord de déréglementation lié au stratagème de l’évasion fiscale a fait perdre 37 millions d’euros au Royaume-Uni, 40 millions d’euros à la Belgique, 34,8 millions d’euros à la France et 16 millions d’euros à l’Italie, entre autres. Au centre de l’UE, l’Allemagne a été le pays le plus touché par se détournement de fonds publics, enregistrant des pertes d’une valeur de 221 millions d’euros, rapporte La Vanguardia. Les experts du groupe des Verts ont calculé ces montants à partir des données de la Banca Internacional de Pagos de Basilea et des « Panama Papers » dévoilés par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ).
Cleptomane serrurier?
Dès le premier jour de son mandat, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker a été troublé par le scandale « LuxLeaks », des milliers de documents confidentiels rendus publics démontrant l’existence d’accords fiscaux que le Luxembourg a signés avec des multinationales pendant plusieurs décennies pour les aider à payer moins d’impôts. Ce pays « a servi de paradis bancaire, spécialement pour les Allemands riches… il est temps que M. Juncker reconnaisse les erreurs du passé et clarifie ce qu’il sait sur ce système », revendiquent les Verts.
Au Parlement européen, cet après-midi, M. Juncker sera interrogé en tant qu’ex-premier ministre du Luxembourg (1995-2013), en plus d’être titulaire du ministre des Finances de ce pays entre 1989 et 2009. Les autorités luxembourgeoises ont permis des pertes fiscales d’une valeur de 527 millions d’euros, une somme qui se traduit par 317 millions d’euros en impôts des contribuables.
En deçà des raisons soulevées au lendemain du vote pour le Brexit, les Britanniques étaient peut-être fatigués que leurs services publics se dégradent contrairement à l’augmentation du coût de la vie à Londres, et au bon fonctionnement de la City.