Le programme de restauration des Grands Lacs était en voie d’être supprimé en mars, la suppression a été annulée en avril. Mais la voici qui réapparaît. Dans la proposition de budget 2018 déposée cette semaine par la Maison-Blanche, ce programme environnemental, comme plusieurs autres, passe à nouveau dans la déchiqueteuse.
Le budget déposé par l’équipe Trump en mars, couvrant la fin de l’année 2017, avait créé beaucoup d’émois, de l’Ohio jusqu’au Québec: on y coupait notamment 100 % du programme de 300 millions $ par an qui, entre autres choses, vise depuis 2010 à combattre les invasions d’algues dans le lac Érié. À la fin d’avril, les élus du Congrès avaient refusé ces coupes, et beaucoup d’autres, mais les voici qui réapparaissent: s’il est approuvé tel quel, le budget 2018 couperait l’Agence de protection de l’environnement (EPA) de 31 %, contre 25 % dans la proposition rejetée en avril. Soit plus de 2 milliards $ et demi sur un budget de 8 milliards. Et le programme des Grands Lacs est « à nouveau » éliminé.
Les Grands Lacs représentent à eux seuls 18 % de l’eau douce de la planète, et approvisionnent 30 millions de personnes en eau potable.
Si le Congrès — à majorité républicaine — approuve ces coupures, ce ne sont pas juste les Grands Lacs qui vont en souffrir, c’est tout le climat, comme l’a reconnu avec plaisir, devant les journalistes mardi, le directeur du budget de la Maison-Blanche, Nick Mulvaney, pour qui les programmes sur le climat ne sont rien de moins que des « affaires folles ».
Est-ce que nous les ciblons [les changements climatiques] ? Absolument. Est-ce que plusieurs des coupures de l’EPA visent à réduire l’attention que l’on porte à la science du climat ? Oui. Est-ce que ça veut dire que nous sommes antiscience ? Absolument pas. Nous essayons simplement de remettre les choses en ordre au point où nous pouvons regarder les contribuables et leur dire, vous voyez, nous voulons faire de la science du climat, mais nous n’allons pas faire les affaires folles de l’administration précédente.
Le directeur de l’EPA, Scott Pruitt, climatosceptique et fier de l’être, a lui aussi défendu ce budget mardi.
Et il n’y a pas que l’EPA, note le journaliste du New York Times spécialisé dans les questions climatiques: des coupes de 3 milliards $ au ministère de l’Énergie affecteraient aussi la lutte aux changements climatiques. Aux États-Unis, ce ministère, à travers un réseau de 17 laboratoires, a depuis longtemps été la source de recherches innovatrices sur les énergies vertes, les véhicules électriques ou l’entreposage du carbone. À lui seul, le Bureau des économies d’énergie et de l’énergie renouvelable, qui a financé ces dernières années des recherches grâce auxquelles le prix de l’énergie solaire a diminué, fait face à une coupe de 69 %.
Que ces coupes soient approuvées ou non par le Congrès, leur seule annonce, note le Times, introduit déjà une incertitude qui sera néfaste aux nouveaux projets et aux collaborations avec des chercheurs internationaux.
Pas juste le climat, la science aussi
Cela dit, le budget est aussi une illustration des priorités du gouvernement Trump en science. Il propose entre autres des coupes de 5,8 milliards $, ou 18 % aux National Institutes of Health — l’un des principaux organismes subventionnaires de la recherche en santé dans le monde — de 841 millions $, ou 11 %, à la National Science Foundation, qui finance la recherche fondamentale et de 333 millions $ à trois programmes du Centre de contrôle des maladies (CDC) consacrés à la lutte contre la grippe, le sida, l’hépatite, la tuberculose et les maladies d’origine animale comme le zika.