Donald Trump a évoqué le limogeage du directeur du FBI lors de sa rencontre avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, pour expliquer pourquoi il n’avait pu jusqu’alors trouver de terrains de coopération avec Moscou, ont déclaré dimanche deux des principaux responsables de l’administration américaine.
« Les grandes lignes de cette conversation étaient que le président avait le sentiment qu’il était paralysé dans sa capacité à travailler avec la Russie pour trouver des domaines de coopération parce que cette affaire (ndlr, l’enquête russe) était à l’évidence abondamment traitée par les médias », a dit sur ABC le conseiller à la sécurité nationale de la Maison blanche, H.R. McMaster.
Sur Fox News, le secrétaire d’État Rex Tillerson a indiqué pour sa part que le président Trump entendait ainsi faire comprendre aux Russes qu’il « ne se laisserait pas distraire » par ces affaires.
Tillerson et McMaster étaient tous deux présents dans le bureau Ovale de la Maison blanche le 10 mai, lorsque le président américain a reçu Lavrov et l’ambassadeur de Russie à Washington, Sergueï Kislyak.
D’après le New York Times, citant des sources ayant eu accès au compte-rendu officiel de cette rencontre rédigé par les services de la présidence, Trump leur a déclaré que le limogeage de James Comey, annoncé la veille, lui avait ôté « une grande pression » dans l’enquête sur une éventuelle implication de la Russie dans la campagne présidentielle de 2016. « Je viens juste de virer le chef du FBI. Il était fou, un vrai dingue », leur aurait-il dit.
Selon l’agence de presse russe Interfax, Lavrov a déclaré samedi qu’il n’avait pas discuté avec Trump du renvoi du directeur Comey. « Nous n’avons pas du tout abordé cette question », a dit le ministre russe des Affaires étrangères.
Ce n’est pas ce qu’ont dit McMaster et Tillerson dimanche. Ces deux hauts responsables de l’administration américaine n’ont pas démenti que le sujet du renvoi de Comey ait été abordé lors de la discussion du 10 mai. En revanche, ils estiment que les propos de Trump ont été mal interprétés.
McCain stupéfait
James Comey, en tant que directeur du FBI, dirigeait l’enquête du Bureau fédéral d’investigation sur les soupçons d’ingérence russe dans la campagne électorale de l’année dernière et sur les allégations de contacts entre l’équipe Trump et Moscou.
Cette nouvelle affaire dans l’affaire suscite l’émoi à Washington, où des élus des deux camps s’interrogent. Invité de Fox News, le sénateur républicain de l’Arizona, John McCain, qu’une longue série de controverses lie à Trump, a déclaré dimanche que les dernières révélations du New York Times le laissaient « sans voix ».
« Je ne sais pas comment interpréter cela, sinon que je suis presque sans voix parce que je ne sais pourquoi quelqu’un dirait une chose pareille », a-t-il dit avant d’ajouter que le président n’aurait jamais dû rencontrer Lavrov et Kislyak.
L’entretien du 10 mai a donné lieu à une autre controverse: le président américain a confirmé avoir partagé avec ses hôtes russes des renseignements touchant à un projet d’attentat de l’organisation État islamique au risque de compromettre la source d’un service de renseignement d’un pays allié – Israël selon des médias américains.