Protéger les autres planètes d’une contamination par des bactéries terriennes est en train de quitter le terrain théorique pour mettre les deux pieds dans la réalité: c’était le premier sujet à l’ordre du jour du congrès annuel d’astrobiologie le mois dernier, en Arizona, et au moins trois futures sondes spatiales sont directement concernées.
Le concept existe depuis les années 1960, et bien qu’il soit impossible d’imaginer une sonde spatiale qui soit stérilisée à 100 %, les ingénieurs de la NASA ont pris quantité de mesures pour limiter le risque qu’une bactérie particulièrement résistante ne fasse le voyage jusqu’à Mars. Des régions martiennes où les chances de trouver de l’eau, donc de la vie, sont plus élevées, ont été déclarées hors limites jusqu’ici. Mais dans les années 2020, une sonde américaine doit normalement se poser sur Europe, une des lunes glacées de Jupiter: faire en sorte qu’elle puisse chercher des traces de vie sous la glace, sans contaminer ces éventuelles formes de vie, constitue donc un casse-tête. C’est dans cette même logique qu’en septembre prochain, la sonde Cassini ira s’écraser dans les nuages de Saturne: afin d’éviter qu’à court de carburant, elle n’aille s’écraser un jour sur une des lunes glacées de Saturne.
Mais le vrai problème, relève le Scientific American, c’est que même les participants au congrès d’astrobiologie sont incapables d’évaluer ce que sont ces risques de contamination. Y compris une éventuelle contamination extraterrestre chez nous: d’ici quelques années, une mission robotisée américano-européenne pourrait ramener sur Terre des cailloux martiens. Pour certains experts, le risque qu’une bactérie martienne puisse survivre au voyage sont nuls, sans compter le fait qu’elle ne trouverait pas sur Terre un environnement qui, de son point de vue, serait très hospitalier. Pour d’autres experts, faute d’avoir une base de comparaison — puisqu’on n’a pas encore trouvé de vie ailleurs dans le cosmos — ces débats relèvent de la pure spéculation.