L’idée a franchement du bon: employer les codes des fausses nouvelles pour produire une vidéo où l’on s’en prend aux fake news elles-mêmes, puis diffuser le tout sur Facebook, l’un des principaux facilitateurs (contre son gré, semble-t-il) de la propagation de ces instants de désinformation.
Ce qui surprend, cependant, est ce moment où l’on constate que l’initiative est lancée par l’Office national du film, qui saute ainsi franchement dans l’arène de la lutte médiatique de cette ère que l’on dit tristement « post-factuelle » ou « post-vérité ».
Déclinée dans les deux langues officielles du pays, la campagne Toutes ces choses que vous ignorez (10 Naked Truths dans la langue de Shakespeare) est le fruit du travail des trois réalisatrices Maude Plante-Husaruk, Laura Natohi et Olivia Lagacé. « Il y a eu un appel de projets, de la part de l’ONF, pour produire de courtes vidéos spécifiquement destinées à la plateforme Facebook », mentionne Mme Plante-Husaruk en entrevue. « Nous avons décidé de parler d’un sujet qui est d’actualité en ce moment, et de le traiter d’une façon plutôt ludique et non moralisatrice. Nous cherchions aussi un moyen de contrer ces fausses nouvelles et amener les gens à trouver des sources fiables. »
Mais pourquoi l’ONF, justement? « Je crois qu’ils sont rendus là, à traiter de sujets d’actualité », estime Mme Plante-Husaruk. « Et pour avoir une présence web plus importante, je crois qu’il est incontournable de s’intéresser à ce type de dossiers. »
« Olivia (Lagacé) et moi, on voulait parler de la « post-vérité, et Maude, que nous ne connaissions pas encore, à ce moment-là, envisageait de traiter de la « chambre de résonance » (la théorie voulant que nos interactions sociales, dans la vie de tous les jours, mais surtout en ligne, aient lieu entre individus ayant les mêmes convictions et positions sociales, d’où cette impression d’écho, ndlr). On a fini par décider de combiner les deux projets », mentionne pour sa part Mme Antohi au bout du fil.
La campagne, qui a été visionnée à environ 500 000 reprises au total dans ses deux déclinaisons, joue également sur le fait que la majorité des utilisateurs de Facebook visionnent des vidéos plus qu’ils ne les écoutent, et consomment ainsi du contenu sans une trame sonore ou une narration qui peut parfois s’avérer fort utile, comme dans le cas présent.
Toutes ces choses que vous ignorez ne devrait pas avoir de suite, du moins pas selon l’appel de projets de l’ONF. Mais le pavé est fermement lancé dans la marre de la désinformation et du pseudo-sensationnalisme visant à multiplier les clics et les revenus publicitaires.
https://www.facebook.com/onf.ca/videos/10155487634054728/