Dans un futur proche, un tireur d’élite américain est parachuté en Géorgie, non loin de la frontière russe, pour saper les forces vives d’un groupe séparatiste. Ce faisant, notre héros, le combattant au centre de l’intrigue du jeu Sniper Ghost Warrior 3, tentera aussi de retrouver son frère kidnappé par des miliciens.
Développé par le studio CI Games, le titre transporte donc ce joueur dans cette ancienne république soviétique, où il devra accomplir diverses missions requérant habituellement une bonne dose d’infiltration, ainsi que l’expression non négligeable d’une force tout à fait létale.
Le cas de Sniper Ghost Warrior 3 est en fait particulièrement intéressant. D’abord, parce que le jeu essaie (extrêmement) fort d’émuler les grands succès des titres AAA du genre, alors que CI Games demeure un petit studio. Place, donc, au modèle du jeu d’action en « monde ouvert », où le joueur peut errer dans un territoire relativement grand en effectuant les missions de la quête principale, ou simplement en accomplissant diverses tâches connexes. À l’image des jeux qui ont fait une partie de la triste réputation d’Ubisoft ces dernières années, le titre regorge d’objectifs secondaires, d’objets à collectionner et d’endroits à visiter dans une zone aux apparences réduite, mais où l’aspect encaissé du territoire permet justement de le bourrer jusqu’à la gueule en icônes diverses qui finiront par se superposer en un mélange illisible sur la carte.
Après tout, ce n’est pas, encore une fois, parce qu’Ubisoft a développé – puis tué le genre qu’il est nécessaire d’agir de la même manière. Le protagoniste est générique, l’histoire est générique, les méchants sont génériques, les missions sont génériques… Même le titre est générique! Pire encore, vouloir jouer dans la cour des grands, quand le budget ne suit pas, donne des résultats passablement ordinaires. Les textures et les objets apparaissent soudainement à de très courtes distances (toujours une bonne façon d’évaluer un engin graphique…), des bogues se manifestent parfois au hasard, comme ce curseur s’étant soudainement manifesté à l’écran et empêchant de tourner la tête du personnage de plus de quelques degrés. Ou encore cette manie qu’ont les ennemis à se lever soudainement, lorsqu’ils sont assis, pour recevoir une balle mortelle et ainsi respecter la seule animation programmée par les développeurs. Au fait, ce ralenti de la balle qui fonce pour aller perforer un crâne ou un visage est aussi repris d’une autre franchise, soit Sniper Elite, cette fois.
Pourtant, Sniper Ghost Warrior 3 (ce titre… ce titre!) n’est pas fondamentalement mauvais. Certaines mécaniques, comme l’utilisation d’un drone pour repérer les ennemis ou encore la nécessité d’ajuster la portée de la lunette de tir pour mieux calculer l’effet de la gravité sur les balles sont franchement intéressantes. Mais le reste du jeu est trop beige, trop timide. Tout a déjà été vu cent fois… et surtout mieux exécuté. Fallait-il que CI Games tente vraiment d’égaler des studios disposant de centaines de millions de dollars? Fallait-il que les méchants semblent tous sortis du même moule? Ou que l’histoire soit si interchangeable qu’on en oublie le nom du héros 30 secondes après l’avoir entendu?
Fallait-il, surtout, exiger 55$ pour cet ersatz de jeu AAA?
Pour les amateurs de jeu de tactique, Sniper Ghost Warrior 3 peut valoir la peine… mais peut-être lorsque le titre sera en vente à 25$, voire encore moins. Autrement, mieux vaut se rabattre sur un produit mieux fini.